« Breakthroughs In Modern Art » de Six Gallery, pour résumer en quelques mots, c'est toute la ville de Seattle contenue dans une galette de 40 minutes ! Et pourtant, me direz-vous, les Américains de Six Gallery ne sont même pas originaires de Seattle, mais de Columbus, Ohio ! C'est en effet là toute la subtilité : Six Gallery nous renvoie, dans ce tout premier album, aux meilleurs moments de Minus The Bear et autres Death Cab For Cutie, deux des plus grands groupes 'seattliens' de la scène Rock Indie actuelle. Le premier pour ses riffs magiques de guitare clean en tapping, et le second pour ses atmosphères sans commune mesure.
Il faut tout de même préciser que c'est principalement l'influence du 'Bear' qui se sent! Présents du début à la fin de l'album, des riffs hauts en couleurs aux notes de guitare jouées en tapping illuminent chacun des titres de leur son pur et clair... Et si le premier titre, « Bermuda Triangles », laisserait apparaitre un groupe amateur, notamment du fait d’une structure approximative et rentre-dedans d’entrée de jeu ainsi que de ses chœurs très brouillons, force est de constater par la suite que les jeunots de Six Gallery maitrisent parfaitement leur sujet, nous rappelant combien une guitare clean peut être puissante, dynamique, mais également saisissante d'émotion.
Certes l’album est court, les titres aussi (entre trois et quatre minutes chacun), mais bon dieu ce qu’ils envoient ! Partagé entre d’une part des morceaux surexcités aux rythmes soutenus enrichis par ces sublimes riffs en tapping et des soli en swiping renversants, et d’autre part des titres plus planants aux mélodies de guitare clean baladant tendrement l’auditeur, « Breakthroughs In Modern Art » est loin de se révéler ennuyeux. L’album ne suit d’ailleurs aucune structure musicale particulière, commençant par exemple par un couplet avant d’entamer une esquisse de refrain débouchant sur une explosion instrumentale de 2 minutes qui terminera le titre (« Built To Last »). De leur côté, des mélodies vocales accrocheuses et parfaitement interprétées par Daniel Francis viennent porter main forte à un album déjà imposant.
En guise de preuve, on citera quelques-uns des titres les plus impressionnants, si tant est qu’ils ne le soient pas tous… Ainsi, « A Live Nativity Scene » évolue de son unique couplet au petit riff de guitare clean vers un refrain saisissant où les notes cleans jouées en tapping envahissent magiquement les oreilles, avant de se lancer directement dans un interlude instrumental qui finira le titre dans une explosion musicale haute en couleur où soli renversants, rythmique électrique atmosphérique, et tapping clean se feront une joie de vous ensorceler…
Dans un autre registre, on peut citer « Say Matte » dont les harmonies explosives sur les 2:35min suivies du final atmosphérique au solo plein de feeling soutenu par des chœurs et une guitare électrique en fond resteront mémorables. Frappant très fort, « Just Hey » va jusqu’à renvoyer les meilleurs progueux dans les mailles des filets avec une partie instrumentale littéralement renversante, où une batterie des plus énergiques s’en donne à cœur-joie sur les fûts, doublée de soli frénétiques à la guitare clean légèrement saturée. Enfin, sans s’éterniser, on pourra évoquer la volupté de l'instrumentale "Fish Milk" qui propulsera l’auditeur à mille lieux, ou encore l'atmosphérique "Smile Like A Switch" venant terminer l'album du haut de ses ambiances électriques planantes alternant avec des douceurs acoustiques, le tout soutenu par un chant à la Death Cab For Cutie.
Inutile de vous faire un dessin... Cet album est une perle que l’on pourrait qualifier d’explosive pour un premier album ! Les Américains de Six Gallery ont un bien bel avenir qui se profile devant eux, et nous, un excellent album entre les mains dont l’auteur peut être d’ores et déjà qualifié de « valeur sûre »…