1972. Une année charnière pour l'un des plus vieux groupes de rock encore en activité. Après une période plutôt psychédélique leur ayant offert peu de succès, ils tentent une reconversion timide au début des seventies sur « Ma Kelly's Greasy Spoon » et « Dog Of Two Head » et se dirigent alors vers un rock plus dur, énergique, sans plus de réussite. Ils se font éconduire par leur label, mais ils y croient, et poursuivent dans cette voie avec insistance. L’avenir leur donnera mille fois raison.
En 1972 sort donc « Pile Driver », sur un nouveau label, Vertigo. « Pile Driver », c’est tout d’abord une pochette qui cristallise l’attitude rock bien plus que celle du « In Rock » de Deep Purple sorti deux ans plus tôt. Indémodable, cette pose est encore là qu’on fasse du Death, du Métal ou même de l’AOR. La musique est relativement basique, faite de quelques riffs super accrocheurs et répétitifs, mais il s’en dégage un groove, une énergie qui ne peut laisser indifférente. Et puis l’album est varié, peut-être leur plus varié, avec encore une nette influence blues sur « Unspoken Words » ou bien sur la reprise des Doors « Roadhouse Blues », chantée par Alan Lancaster.
Ce « Pile Driver » contient une belle série de titres qui marquent déjà l’empreinte Status Quo et que l’on retrouvera régulièrement sur la play-list de leurs concerts, comme « Don’t Waste My Time », « Big Fat Mama » ou encore l'excellent single « Paper Plane » qui se classera dans le top 10 des charts anglais. A noter encore, un titre lent « A Year », plutôt réussi, qui ne tombe pas dans la mièvrerie courante dans ce type d’exercice. Par contre « All The Reasons », aux relents Beatles du pauvre, n’offre que peu d’intérêt.
Au grand dam de leur label précédent, l’album connaîtra un succès mérité, atteignant le top 5 et restant classé 37 semaines. Il propulsera Status Quo au devant de la scène rock, et ce pour quelques décennies...