Le correct et sage "Binaural" manquait peut être d’un peu de surprise, de folie pour se montrer convaincant à 100%. Avec ce "Riot Act", PEARL JAM va t'il réussir à gommer les petites imperfections, faire sauter les petites barrières qui entravaient son couronnement, et proposer enfin un digne successeur à "Ten" (1991) ?
Inutile de chercher dans le titre agressif de ce 7ème album une quelconque indication sur la direction artistique prise par le groupe. Celui-ci, proposé par Vedder après de longues semaines de recherches infructueuses, a été adopté, de guerre las, par le reste du groupe, fatigué de sécher sur le sujet.
Et pourtant, ce "Riot Act" nous montre un PEARL JAM qui a retrouvé un allant et une puissance qu’il avait un peu délaissé ces derniers temps au profit de tempos bien plus posés.
Si nous trouvons toujours des ballades à la « Vedder », à l’image des sobres "Thumbling My Way" et "All Or None", le ton général est bien plus énergique que par le passé. Ainsi, un "Save You" rappelle de bien belle manière que le groupe sait toujours faire parler la poudre. Alors que le très dynamique "Green Disease" nous montre une équipe enjouée et extrêmement soudée, menée par un Eddie Vedder en très grande forme.
PEARL JAM arrive encore à nous surprendre avec un "You Are" aux sonorités inhabituelles. Les guitares y sont tortueuses et truffées d’effets. Ou bien avec le très court "ARC", un morceau uniquement vocal qui célèbre la mémoire des 9 spectateurs décédés lors d’un festival auquel le groupe participa en 2000. Croisement entre des chants amérindiens et Nusrat Fateh Ali Khan, ce titre ne fut interprété que 9 fois lors de la tournée qui suivie.
Et puis il y a de véritables moments de grâce, comme avec "I Am Mine" où le groupe renoue avec son meilleur niveau en combinant à merveille, lyrisme et efficacité.
Si certains morceaux restent assez quelconques, le groupe donne enfin le sentiment d'être parvenu à marier bonnes intentions et réussite artistique, sur la majeure partie de ce "Riot Act".
Au rayon des déceptions nous citerons toutefois l’expérimental "Help, Help" écrit par Ament et dans lequel Vedder abuse de sa voix traînante, ou bien le banal "Get It Right" qu’un magnifique solo n’arrive pas à sauver.
De même, "1/2 Full" ne parvient pas, malgré une ambiance bluesy assez inhabituelle pour PEARL JAM et des lyrics écologiques intéressants (également inhabituel pour le groupe), à convaincre réellement.
Bien qu’un léger cran au-dessus de ses prédécesseurs, ce "Riot Act" ne parvient pas à convaincre totalement, ceci malgré des chansons bien écrites, une énergie retrouvée, des textes dignes de ce nom, et un chanteur qui utilise sa voix à la hauteur de ses possibilités. Le résultat est probant, mais il manque encore cette petite touche de magie, propre à faire d’un bon album un recueil intemporel.