Dans nos mauvais jours, ceux ou la nuance n'est pas vraiment notre priorité, on pourrait être amené à diviser le monde musical en deux, comme ça arbitrairement. Il y aurait d'un coté les bons groupes, ceux qui nous font planer, rêver, qu'on achètent, dont on ressort les disque régulièrement et dont on se délecte. Puis il y a les autres qui peuvent aller de mauvais à bon, mais qui clairement n'égaleront jamais les 'bon groupes'. Parce que c'est comme ça...
Avec cette première offrande, les Suédois de Spirit of The Dead se placent dans le haut du tableau de cette dernière catégorie. Sa qualité est de réussir le tour de force de ne comporter presque aucun défaut. De la production minutieuse aux mélodies omniprésentes, en passant par une palette sonore où l'auditeur passe sans à-coup d'un hard rock baveux mais toujours soft à des délires psychés, ce disque est en béton. Rien que pour ça, il mérite un peu d'attention.
Niveau références, SPTD nous offre encore de bonne surprises avec de l'aérien à la King Crimson ('Traveller in Time'), des guitares noisy (toujours Crimso, période "Red") et surtout ce coté résolument rock n' roll qui fait penser plus d'une fois à ... Blue Öyster Cult. On sentira au détour d'un morceau un peu de Floyd ou un peu de Led Zep, toutes ces références étant digérées sans complexe et resservies avec fraicheur, comme si l'on avait affaire à une petite perle cachée des 70's. La durée globale vient confirmer le tout, avec un petit trente-sept minutes bien loin de la course au remplissage qui caractérise les productions actuelles.
Alors pourquoi ce n'est finalement "que bon", ce qui, dans les mauvais jours dont je parle au début de cette chronique, enverra ipso facto le disque du mauvais coté de la barrière ? Tout simplement parce que l'impression qui s'en dégage est que les musiciens n'ont voulu faire ici que du bon avec pour résultat la sensation d'un léger manque d'ambition. Les musiciens maitrisent tellement leur sujet, naviguent avec autant d'agilité dans un style aussi casse gueule, évitent avec tant de grâce les écueils de ce genre d'exercice retro-nostagique, que quelque chose semble étrange. Ils en ont encore sous la pédale, c'est clair et c'en est presque rageant.
Si Spirit of The Dead réalise dans les années qui viennent un album à la mesure de celui qu'ils auraient pu faire ici, les fans se retourneront vers cet éponyme en disant: "mais déjà leur premier album était pétri de qualité". Sinon, ils ne seront qu'un énième groupe qui n'est que bon, car c'est l'objectif qu'ils se sont fixés et auront atteint avec brio dans l'indifférence générale. La balle est dans leur camp...