Dans la famille des jeunes groupes qui franchissent petit à petit les paliers pour se faire entendre de manière plus significative, Opposite Self tient sa place avec une ferveur non dissimulée. Le quartette originaire de Perpignan présente sa nouvelle galette "The Paradox Of Power" qui succède à "Almost Over" parue en 2008.
Estampillé "Autoproduction", cet album de cinq titres, en excluant volontairement la minute et demie d’introduction en forme d’orage grondant comme une pluie d’été, s’oriente vers un métal à consonance urbaine et tribale où, bien entendu, la modernité tient une place prépondérante sur la manière de composer. Les rythmiques, à la limite du hardcore voire même du thrash, sont lourdes et saccadées. Le travail du batteur retient particulièrement l’attention, même si le groupe tout entier dispose d’un niveau technique tout à fait acceptable. Du côté de la production, aucune faiblesse ne vient perturber les pérégrinations de ces jeunes musiciens soucieux de donner le meilleur d’eux même.
Face à ces effets de bon augure, le chanteur se place comme un funambule exerçant son art sans jamais tomber d’un côté ou de l’autre de la corde tendue par un trio guitare / basse / batterie très en verve. Une sorte d’écorché vif qui sait moduler ses intonations en passant d’une ligne de chant claire à un refrain guttural ou carrément growl.
Ce type de contexte, reposant sur une constante dualité entre riffs agressifs et notes d’arpèges au son cristallin, demeure une forme d’expression plutôt bien maîtrisée par Opposite Self. Mais si une certaine originalité dans le propos se fait même ressentir, le fil conducteur entre les morceaux souffre d’une trop grande rigidité qui aboutit au final à laisser la fâcheuse impression d’avoir entendu plusieurs fois la même plage. Cependant, et compte tenu de sa relativement courte durée, l’écoute de ce CD n’en est pas moins assez plaisante.
Opposite Self a non seulement du potentiel mais également une marge de progression non négligeable. Ces avantages se doivent d’être absolument mis à profit en vue de l’enregistrement d’un album dépassant largement les cinq titres. Et surtout, un petit clin d’œil au guitariste, les soli totalement absents sur "The Paradox Of Power", seraient un plus fort appréciable pour justement rehausser et surtout assouplir la teneur des compositions. A bon écouteur, bon entendeur…