Si vous avez découvert Satchel avec son excellent album "The Family", ce "EDC" risque de vous décevoir un peu. En effet, nous ne retrouvons pas dans ce premier album, la même constance et la même intensité émotionnelle que dans son successeur. Pour autant, "EDC" n’est pas un mauvais album. Il s'agirait plutôt d'un brouillon prometteur qui annonce timidement et de manière assez chaotique et décousue ce dont le groupe sera capable de nous proposer quelques années plus tard.
Chaotique, car le style pratiqué ici balance entre des ballades chargées d’émotion et principalement portées par un piano ("Trouble Come Down", "The Roof Almighty", et surtout le magnifique "Suffering"), et des titres plus Rock et délurés, à l’image de "Mr. Brown", "Mr. Pink" et "Equilibrium".
Décousu, car le groupe a inséré en intro de certaines chansons des dialogues du film "Reservoir Dogs", ce qui nuit un peu à la cohésion de l’ensemble. Il faut dire que cet album est inspiré du film de Quentin Tarantino et que le groupe a d’ailleurs nommé bon nombre de chansons du nom des personnages du film ("Mr. Brown"", "Mr. Pink", "Mr. Blue").
Cet éclectisme se traduit par une large variété d’ambiances et de styles. Abordant successivement (ou conjointement) les rivages du Jazz, du Rock, du Psychédélisme, le groupe peine toutefois à définir un cap bien précis et un style d’ancrage. L’ensemble n’est pas désagréable et des titres comme le sautillant "Built 4 It" ou l’énergique "More Ways Than 3" sont très convenables, mais il n’y a tout de même pas de quoi crier au génie… Du moins, jusqu’à ce que…"Suffering" n’apparaisse.
Et là, nous changeons de dimension. Le groupe est métamorphosé et propose un titre brillant, envoûtant, gorgé d’émotions. La voix de Shawn Smith y est divine. Loin de la beauté angélique de la voix de Jeff Buckley, nous avons là une voix fragile et d’une humanité sans limite. Le mariage piano / vocaux est tout simplement magique. Le genre de morceau qui justifie à lui seul l’achat de ce disque, mais qui surtout annonce la voix que décidera d’emprunter Satchel avec son second album.
Album d’un seul morceau ? Ce serait peut être un peu exagérer, mais ce n’est pas non plus très loin de la vérité.