Après un premier album résolument ancré dans le mouvement progressif, OCEAN opère un radical changement de cap avec ce second disque.
Fini le chant en anglais, terminé les compositions expérimentales et alambiquées, à l’aube des années 80, le groupe se veut plus direct et plus Rock.
Ainsi, dès "Je Suis Mort De Rire" la métamorphose est radicale. Le riff d’entame est basique et swinguant au possible. Alors que jusqu’alors le groupe multipliait les changements de rythmes et d’ambiance, il débute ici le morceau en déroulant ce même riff durant près de 40 secondes. Par chance, et contre toute attente, OCEAN se révèle très à l’aise et surtout, très efficace dans ce registre.
Mené par une voix magnifique, mélodieuse et puissante à souhait, le groupe se montre aussi brillant dans les titres purement Hard Rock comme "Je Suis Mort De Rire" ou bien "Joue", que dans un registre plus lyrique et ambitieux avec "Les Yeux Fermés" et ses vocaux aériens, et ses parties de saxophone et de tapping, ou bien encore dans un Rock variété très bien dosé ("Happy Birthday"). Ces deux derniers morceaux qui rappellent un peu le passé teinté de progressif d’OCEAN sont bien les seuls liens avec leur premier album.
Ainsi, "Happy Birthday" alterne les parties claires, les passages de guitare saturée, et des interventions d’un chant très pur. Quant au sublime "Les Yeux Fermés", il débute par des voix nimbées de douceur se posant sur des arpèges de guitare, avant qu’un saxophone et un clavier aux sonorités médiévales ne se mêlent de la partie. Le tout se termine par une apparition de guitares électriques venant accompagner la montée en puissance des vocaux. Emotion garantie.
L’équilibre entre la puissance du Rock et le côté très accessible des mélodies et des vocaux est quasi parfait et permet au groupe d’accoucher d’un album alliant originalité, charme et efficacité. A l’époque où TRUST et TELEPHONE (ironiquement, la pochette, très surprenante, de ce "Océan" est d’ailleurs l’œuvre de JP Mondino qui s’illustra plus tard en réalisant un clip de TELEPHONE) explosaient sur la scène française, cet album avait indéniablement la classe et les atouts nécessaires pour propulser le groupe sous les feux de la rampe.
Il n’en fut malheureusement rien.