Venu tout droit de Suisse, Trophallaxy est un jeune combo dont Dawnfall est la première parution. Clairement sous l'influence des ténors nordiques du genre (Nightwish en tête), ses cinq membres pratiquent un métal mélodico-symphonique de bonne facture, mais (oui, il y a un mais) qui peine à convaincre.
En effet, il ne faut pas longtemps à l'auditeur pour réaliser deux choses. La première, c'est que nos jeunes amis ont une envie manifeste de se faire plaisir en jouant ensemble. Jusque là, rien de répréhensible, d'autant que, reconnaissons-le, ça joue plutôt très bien dans l'ensemble (mention spéciale à Jonathan Pellet, claviériste et screamer occasionnel, qui est au centre des débats). Un talent certain qui ne dissimule pas la seconde chose : une tendance beaucoup trop prononcée à l'émulation. Et c'est là que le bât blesse. Il ne se passe guère plus de quelques minutes sans que l'on ne se pense à un autre groupe. Une identité en berne, donc, qui rend l'écoute largement indigeste. La faute également à une production un peu terne, trop uniforme et qui ne laisse pas suffisamment de place aux morceaux pour s'exposer réellement. Mais il ne faudrait tout de même pas enterrer trop vite une formation visiblement soucieuse de bien faire. Après le paragraphe précédent, il serait compréhensible, voire légitime, de ne pas chercher à en savoir davantage, et de filer directement à la chronique suivante. Cependant, vous feriez une erreur, car Trophallaxy n'est pas non plus un simple clone sans saveur, et a malgré tout quelques bonnes idées à faire valoir.
Il est premièrement impossible de ne pas s'attarder sur la personne de Joëlle Graz. Vocaliste au timbre singulier, elle a ce je-ne-sais-quoi dans la voix qui rend la plupart des lignes de chant très accrocheuses. Et si elle peine clairement dès que les notes s'envolent, elle excelle cependant dans un registre plus mitigé. A noter qu'elle est également violoncelliste à ses heures perdues et que l'apport de cet instrument (à la sonorité parfaite dans un tel contexte) sur plusieurs pistes apporte beaucoup aux compositions. Un bon point, malheureusement pas assez exploité alors qu'il aurait probablement pu aider le groupe à se différencier de ses (déjà trop) nombreux petits camarades.
Ensuite, il serait injuste de ne pas mentionner la qualité technique des instrumentistes. Le trio basse/guitare/clavier est ainsi mis en avant à juste titre, dans le mix comme dans l'écriture elle-même, avec un à-propos qui ferait presque mentir mes propos précédents. Mais encore une fois, on sent que tout n'a pas été dit et que le groupe n'a pas été au bout de son envie. Le résultat, des parties parfois enchanteresses succèdent à d'autres, sirupeuses et vraiment redondantes. Dommage...
En bref, voilà un album à réserver aux inconditionnels du genre ; les autres devraient jeter une oreille attentive, par acquis de conscience, mais il faut espérer pour Trophallaxy que le prochain effort soit plus consistant, sans quoi, ils auront tout le mal du monde à percer dans un genre où plus grand chose ne reste à inventer. Un album prometteur et un groupe à suivre.