Will Hoge est une sorte de machine de guerre. Une industrie à lui tout seul. Imaginez un peu: beau gosse, initié à la musique par son père musicien, il arrête ses études pour se consacrer à son art. Sa vie, c'est écrire des chansons (il compose tout, joue la moitié des instruments), encore et encore, et tourner, encore et encore. Du coup, depuis une dizaine d'années, Monsieur n'a publié rien de moins que six albums, un EP, et six albums live (oui, en plus des six albums studios et des diverses participations).
Et là on serait tenté de se dire que ce n'est pas possible, il bâcle forcément au moins un peu ses compos pour tenir un tel rythme. Et bien oui, il les bâcle un peu. Tous les titres de "The Wreckage" souffre d'un certain vide. Rien n'est vraiment parlant, touchant, attachant, tout semble avoir été fait à la chaîne. Petits gimmick de gratte, légèrement saturée pour donner de l'énergie, une ligne de chant dans la plus pure tradition du song-writing américain (on pense d'ailleurs à Bruce Springsteen), et c'est parti mon kiki. Les ficelles sont tellement grosses que la première écoute en est pénible.
Heureusement, les bons points émergent. Non pas que l'album possède plusieurs niveau d'écoutes, mais il est tellement homogène qu'il faudra s'habituer un peu avant de cerner les micro-différences entre les morceaux. Bien souvent il s'agira simplement d'un refrain plus réussi ('Long Gone', 'Too Late Too Soon' et deux trois autres choses dans une moindre mesure). Il sera beaucoup plus rare d'être surpris par un solo, un petit lead de gratte. Le reste est très convenu et les musiciens se contentent d'accompagner ce bon Will.
Aucun éclair de génie à attendre du coté des paroles (un aspect important de cette tradition de song-writing américain). Les textes sont assez plats, pas non plus aidés par une interprétation vocale linéaire et simplette, à l'image de cet accent américain un peu trop stéréotypé. Notons tout de même que la recette marche mieux sur les titres plus énergiques, comme 'Favourite Waste Of Time'. Sur les morceaux plus lents (peut-on parler de ballades ?) le manque d'énergie, conjugué à l'absence de mélodies et d'originalité dans l'interprétation, retire alors tout point d'accroche pour l'auditeur.
Cette énième livraison de M. Hoge, sorte de Marc Levy de la folk américaine ne m'a vraiment pas convaincu. Sans être insupportable - avouons le, l'album se laisse écouter - le disque se confine tellement dans le moyen qu'il semble difficile d'en dégager un quelconque intérêt. Notons pour finir que cette chronique prend en compte des critères de jugement européens. Il semble évident que ce genre de musique en particulier, très ancré dans une certaine tradition qui ne s'est jamais vraiment exportée, parlera plus à des Américains.