Nous aurions pu ranger cet album dans la catégorie "Extrême". Non pas que la musique d’Iron Kim Style donne dans le Black ou le Death Metal, loin de là, mais dans un style jazz très particulier, elle peut rebuter le néophyte par son côté hermétique et déstructuré. Et même si le groupe n’invente rien (le style ayant déjà plus de 30 ans d’âge), il apporte une grande fraîcheur, beaucoup de couleur et un côté léger à son jazz rock acide et riche en improvisations.
Soyons direct: Les fans de jazz plus conventionnel ne trouveront pas leur bonheur ici, à moins qu’ils soient en quête d’horizons détraqués ou hostiles.
Variant entre 2 et 10 minutes, les pièces de "Iron Kim Style" sont dictées uniquement par une rythmique totalement déstructurée (basse caoutchouc et batterie très crue) sur laquelle se pose l’improvisation complexe mais captivante de Dennis Rae (guitare) et Bill Jones (trompette). Tout débute par un "Mean Streets Of Pyongyang" presque trompeur. Accrocheur et ensoleillé, ce titre possède une ligne rythmique constante qui fait de celui-ci le seul titre facile d’accès (avec peut être "Dreams From Our Leader" en fin d’album). On y entend du saxo, une guitare assez rock, une autre très soul, chacune intervenant entre les délires improbables des cuivres. Entre envolées mélodiques et pauses bien méritées, cet opener sait convaincre. C’est après que tout se complique.
"Gibberish Flater", très orienté guitare, est curieux, au point qu’on se demande si les gars savaient que ça enregistrait sur les premières minutes. Heureusement, la trompette pose ensuite la ligne directrice et facilite l’entrée dans ce monde curieux. Mais les plus frileux auront déjà quitté la salle. "Po’ Brief", placé en troisième position, alterne grands calmes et hystérie trompettique et guitaristique. Je le disais plus haut et ce titre le confirme, cette musique reste assez extrême. Et même si "Don Quixotic" calme le jeu avec sa guitare de velours, le riche en distorsion "Adrift", le psychédélique "Pachinko Malice" et un "Jack Out The Kims" aux allures de course contre la montre totalement folle et précipitée (s’en est presque comique) nous confirme définitivement la folie des musiciens d’Iron Kim Style.
Cet énorme désordre musical s’achève sur un clin d’œil salvateur au "Stompin At The Savoy" d’Edgar Sampson. Vous adorerez ou détesterez mais force est d’avouer que ce groupe est hors norme. On vous aura prévenu ! Quoiqu’il en soit, il offre avec son optimisme, sa bonne humeur et ses guitares, une porte d’entrée idéale pour tous ceux qui souhaitent découvrir l’acid-jazz d’aujourd’hui.