Proximal Distance est né du rapprochement de deux groupes connus de Music Waves, Majestic et Slychosis. Leurs leaders respectifs, Jeff Hamel et Gregg Johns, tous deux multi-instrumentistes, s’étant trouvé des accointances musicales, ont commencé en 2008 à travailler ensemble via Internet avant de finaliser leurs efforts avec la sortie de leur premier album originalement intitulé Proximal Distance. L’architecture du groupe mêle les membres de Slychosis (les batteurs) et de Majestic (la chanteuse Jessica Rasche). Ce super-groupe né de la réunion de deux personnalités ayant des profils assez similaires donnera-t-il les résultats espérés par la qualité des opus précédents ?
Bonne nouvelle : le projet est tout à fait homogène, la production est de fort bon niveau, et les compositions apparaissent solides et variées. La première référence qui saute aux oreilles serait Pink Floyd avec des guitares volontiers aériennes (dès qu’un guitariste joue en slide, comme ici dès le morceau d’ouverture, la référence obligée est celle de David Gilmour ...). Mais l’empreinte d’autres compositeurs est également présente, tels Camel, Mike Oldfield et pourquoi pas Arena dans les passages plus tendus. Car Proximal Distance ne se maintient pas toujours dans les contrées éthérées et ne dédaigne pas de s’aventurer dans des registres plus âpres, au grand plaisir des oreilles appréciant la variété de registres : Journey Of Truth ou Expanding Universe, entre autres, contiennent des passages plus rugueux, taquinant les franges des rythmes métal.
Incontestablement, la guitare tient la vedette dans cet album : les deux compères nous délivrent des solos variés, avec ce qu’il faut de sensibilité ou d’intensité pour accrocher l’amateur; les claviers figurent plus au rang d’accompagnement. Il faudra toutefois attendre l’ultime morceau, Expanding Universe pour avoir un dialogue entre les deux guitaristes.
Nous évoluons bien dans le monde du progressif, la musique présente très peu de redites. D’où vient donc ce sentiment qui nous fait classer cet album dans les productions “correctes”, alors que la réalisation est soignée, les interprètes, objectivement très au point, et les compositions, suffisamment variées pour assurer une bonne durée d’écoute ? Peut-être un certain manque d’originalité dans la mise en place des ambiances, variées mais paradoxalement assez conventionnelles (un côté convenu à rechercher du côté des claviers probablement). Peut-être la performance de la chanteuse, vocalement juste et très en place, mais toujours soit en force, soit en surenchère dans les effets : nul doute que la voix féminine fera s’élever le taux de testostérone chez moult auditeurs mâles, mais pour ma part je préfère mille fois la sobriété d’une Heather Findlay à cette énergie survitaminée, démonstrative et finalement très artificielle déclenchée par le syndrome Mariah Carey. Rien de rédhibitoire, mais légèrement fatigant à la longue.
Ce Proximal Distance illustre parfaitement la difficulté qu’il y a à noter certaines productions : voici un album plus que correctement réalisé et interprété, mais qui n’aura pas réussi à allumer chez moi la petite étincelle qui me fait recommander chaudement un album. Notation totalement subjective donc, car je reconnais qu’il manque très peu de choses au combo pour emporter mon adhésion totale.