Après plus de 10 ans de silence Atoll reparaît. C'est Christian Beya, guitariste et compositeur principal du groupe depuis 1975, qui lui redonne vie à travers un album conceptuel : Illian, qui donne son nom au présent opus, est un être extra-terrestre extratemporel qui arrive sur terre et qui constate que notre planète bleue est moins belle vue de près que de l'espace.
J'avouerai que je n'avais pas vraiment accroché à la première écoute, sans doute à cause des voix et des textes en français, mais j'ai perçu des sons puissants et des phrases musicales originales qui m'ont donné envie d'approfondir l'écoute.
Beya étant d'abord guitariste, cela se sent dans les compositions qui sont très centrées sur son instrument avec des claviers (piano principalement) ramenés à un rôle subalterne.
La musique de Beya est un savoureux mélange difficile à qualifier. C'est rock, avec un coté progressif plutôt puissant et parfois des touches de folk celte ou des sonorités orientales, mais toujours interprété avec intelligence et maestria. Beya est réellement un musicien de tout premier plan et son art guitaristique va de la finesse avec une guitare acoustique dans une balade telle que "Comme lui", à la force brute avec une guitare électrique pour des intros fortes comme dans "La route est ailleurs". Ce deuxième titre d'ailleurs est une petite merveille. Après une introduction quasiment metal (guitare saturée et rythmique très en avant), on plonge dans une ambiance plus symphonique, piano sur fond de guitare au son rond et envoûtant comme dans les meilleurs moments d'Ommadawn.
Le chant est principalement tenu par Raoul Leininger dont la voix à une tonalité étrange, ni homme ni femme, plutôt enfantine, mais, au bout du compte, cela semble coller au héros extra-terrestre. Par moment, une voix féminine, celle de Caroline Crozat (Ange), vient apporter son concours ou faire le contrepoint de celle de Raoul. L'ensemble vocal qui m'avait gêné dans un premier temps, passe en fin de compte très bien.
Les 14 titres sont plutôt courts, inférieurs à cinq minutes pour 10 d'entre eux, et se succèdent en alternant des styles très éloignés, du puissant à la ballade, avec, malheureusement, des passages plus chantés qui frôlent la variété. Je regrette pour ma part de ne pas trouver sur cet album une ou deux compositions plus longues exploitant d'avantage l'inspiration de titres tels que "La route est ailleurs" ou "Quand le monde se met à chanter".
Illian est, au bout du compte, un disque attachant qui pourrait ramener Atoll sur le devant de la scène progressive française et qui mérite qu'on lui prête plus qu'une oreille distraite.