Après 15 années de collaboration, l'année 2009 aura vu le départ de deux piliers de Negura Bunget, Hupogrammos et Sol Faur. Et Negru, resté seul maître à bord, n'aura pas perdu de temps pour s'entourer d'un nouveau line-up et proposer un nouvel album "Vïrstele Pamîntului". Ce nouvel opus se veut être une réflexion sur les limites transcendant les mondes terrestres et spirituels. Mieux, il serait basé sur la symbolique du chiffre 9, évocation du passage de la diversité à l'unité et chiffre de la patience, de l'harmonie et de la méditation.
Et autant écrire qu'à l'écoute de ce nouvel opus des Roumains, il y a franchement de quoi méditer. En effet, cette fois-ci Negura Bunget appuie encore plus fort qu'auparavant sur le côté folk, ambiancé et athmosphérique de sa musique. Alors bien sûr tout cela est bien joli, agréable à écouter, mais est-ce vraiment ce que l'on attend de Negura Bunget ?
Le groupe est en train de glisser fortement vers un folk métal atmosphérique et de délaisser la musicalité spirituelle du black métal qui a fait sa réputation. En effet "Vïrstele Pamintului" ne comporte que trois titres un peu black métal ("Ochiul Inimii", "Chei de Roua" et "Arborele Lumii") et il faut attendre près de quinze minutes pour être sorti de notre léthargie auditive. Quelque part la symbolique est belle, le côté le plus sombre de cet album se trouvant presque intégralement en son centre.
Reste que la quasi totalité des compositions sont avant tout folks. Le groupe maîtrise son sujet avec souvent plus que moins de bonheur. Pour les moins, l'album a du mal à décoller avec le titre d'ouverture "Pamint" qui nous propose près de cinq minutes de flûte en solo. C'est exagérément long. D'autant plus que cela ne transpire pas vraiment une Roumanie imaginaire. Cela aurait pu être tout aussi bien du pipeau kiowa. On lui préférera le titre final "Intoarcera Amurgului" résolument plus "carpathien". Question composition pas franchement réussie, il y a également ce titre à l'inspiration oubliée, "Jar", digne représentant symbolique de la trajectoire très ennuyeuse et du "trop facile" du black atmosphérique en général.
Negura Bunget n'en demeure pas moins maître en son domaine musical et cet album reste avant tout un voyage auditif dépaysant vers des terres oniriques spirituellement daciques. On pourra seulement regretter la transformation d'une identité musicale qui se fait très largement moins black métallique que par le passé et résolument plus folk, sans toujours être véritablement métal. De fait "Vïrstele Pamîntului" risque de laisser circonspect, comme moi, une partie des amateurs du groupe. D'ici que le prochain album ne soit qu'un opus antinomique de folklore moderne...