Malgré le fait que ce premier album éponyme voit le jour en 2010, Rain Tongue est déjà l’acteur d’une histoire s’étalant sur presque quinze années riche en albums mais sortis sous divers noms. Depuis tout ce temps, caché dans sa Russie natale, le combo verse à qui veut l’entendre dans un post-rock autrefois en chant russe, et désormais instrumental assez proche finalement des productions de Sigur Ros ou de Mogwai.
Autant le dire tout de suite, le quartette ne révolutionne pas le genre mais a véritablement le mérite d’installer des ambiances tranquilles et réconfortantes colorées de temps à autres par les interventions de pianos et de quelques accordéons. A l’instar de cette pochette inspirant la sérénité, Rain Tongue développe un certain goût pour les atmosphères vaporeuses. Se dégage une délicatesse parfois totale (« Two Minutes To Awakening ») qui baigne les neuf titres de cette nouvelle aventure.
A ce rythme, la cadence ne bouge quasiment pas d’ailleurs, la trame s’étirant au gré de cette nonchalance. Il faudra alors attendre « Chaparral » pour que s’immisce un certain groove dans le tempo, voire un bonne dose de folklore sur « When He Flies Over Them » grâce à un accordéon endiablé.
Ce nouvel opus bénéficie d’une production soignée, d’arrangements travaillés, et c’est ce qui rend le manque d’épaisseur par moment d’autant plus frustrant. Les russes avancent surement sur une heure de douceur et de quiétude, mais ne semblent pas toujours aller jusqu’au bout des choses, caressant la pierre sans la tailler. Pourtant tout commençait bien avec « Terra » du haut de cette belle mélodie et ses chœurs quelques peu fantomatiques. Mais très vite les rythmes rencontrés paraissent se répéter inlassablement. « Feathers », pavé de douze minutes clôturant l’album en est l’exemple concret car malgré le temps imparti, les mouvements autour de l’axe de départ sont pour ainsi dire quasiment inexistants.
Rain Tongue raconte de belles histoires, que l’on se permet d’écouter d’une oreille plus ou moins distraite. Même si le voyage est somme toute agréable, quelques escales plus captivantes auraient sans doute laissé des souvenirs plus impérissables. Peut-être lors des prochaines vacances en leur compagnie…