Depuis ces dernières années, la sphère regroupant les formations s’inspirant de la touche Oceansize n’a cessé de s’agrandir, alors même que ce dernier bénéficie toujours d’un succès d’estime plutôt que commercial. Frames, composé de quatre allemands originaires d’Hanovre, participe à son tour à cette reconnaissance avec ce premier album entièrement instrumental, reprenant quelques uns, et pas des moindres, des ingrédients de l’alchimie des sorciers anglais.
Avec une facilité qui peut leur être envié, le combo parvient à accorder accords subtiles de guitares fringantes avec des moments plus fiévreux où ces dernières s’énervent manifestement. Frames se joue ainsi des tensions, laissant l’auditeur en haleine à l’image d’ «Agenda » qui multiplie les variations d’intensité. D’autant que lors des prises de pouvoir par les distorsions, la puissance est réellement au rendez-vous. Toutefois, les Allemands ne tombent jamais dans la démesure, de celle qui débordait par exemple de « Sleeping Dogs And Dead Lions » de leur mentor d’outre-manche.
Passé ce rapprochement évident, des spécificités apparaissent finalement. D’abord par l’emploi plus appuyé de claviers (synthétisant orgue, cordes ou encore xylophone), allant jusqu’à des passages entiers au piano (le final d’« Isp ») voire un titre entier (la gracieuse « intermission »), présence qui ne se fait jamais au détriment des autres instruments. Puis par Kiryll Kulakowski qui assure le jeu des baguettes avec une confiance plus dégagée, moins mathématique, tout en restant d’une technique très appréciable ; Information importante tant la batterie du côté Oceansize tenue par Mark Heron s’inscrit dans la physionomie du groupe.
« Mosaik » se trouve être clairement un disque très homogène, sans incartade, sans baisse de régime non plus (pour pinailler, le quart d’heure final de « M » aurait éventuellement pu être raccourci de quelques longueurs) se basant en fin de compte sur un format qui demeurera quasiment le même d’un bout à l’autre des onze titres.
Du haut de ses trois ans, Frames montre dores et déjà de quoi il est capable avec la pleine mesure de ses moyens. S’il ne possède pas encore la parole, les instruments se suffisent à eux-mêmes pour exprimer des émotions et au final du talent. Grâce à cela, les Allemands devraient emprunter une route des plus radieuses pavée par un premier « Mosaik » aux couleurs de la réussite.