"Seventh Star" est un album un peu à part dans la discographie du Sabb. En effet, suite au succès croissant de la carrière solo d’Ozzy Osbourne et au départ de Geezer Butler parti fonder le Geezer Butler Band, Tommy Iommi se retrouve quasiment seul aux manettes du groupe. Il décide d’enregistrer un album solo et s’entoure, à cet effet, d’un ancien membre du groupe, Geoff Nicholls (claviers), de Glenn Hughes (chant) en provenance de Deep Purple, ainsi que de la section rythmique de sa future ex, Lita Ford (Dave Spitz à la basse et Eric Singer à la batterie). Soucieux de capitaliser sur le nom de Black Sabbath, la maison de disque du groupe insiste pour que l’album sorte sous le nom de Black Sabbath featuring Tony Iommi. Ce qui fait que l’on ne sait pas vraiment si celui-ci doit être réellement considéré comme un opus à part entière du Sabb.
Quoi qu’il en soit, ce "Seventh Star", douzième disque studio du groupe, est une très bonne surprise. L’arrivée de Glenn Hughes, est très positive. Loin de singer la voix si particulière du père Ozzy, ou bien les cris d’effraie de Gillan, celui-ci se montre très convaincant et apporte une petite couleur «Blues» au groupe, touche qui se voit renforcée par des compositions qui, elles aussi, lorgnent vers cette sensibilité. Bien que la patte de Black Sabbath soit encore bien identifiable au travers de sonorités et de riffs bien lourds, graves et robustes, et d’utilisation d’un accordage très bas, on trouve également un feeling et un sens du groove qui faisait jusqu’alors totalement défaut au groupe. S’il convient de rendre hommage à Tommy Iommi pour cela, il est clair que l’arrivée d’un chanteur de la trempe d’Hughes est à ce niveau déterminant. Celui-ci apporte plus de profondeur et d’émotion avec sa voix totalement maîtrisée qui apporte un lyrisme de bon aloi.
Ainsi "No Stranger To Love" et "Seventh Star" combinent-ils à merveille une atmosphère à la fois aérienne et sombre, en proposant un alliage de Heavy Metal, de Blues et de Stoner, qui réussi à se montrer très digeste. De leur côté, "Turn To Stone" et "In For The Kill" se révèlent être plus communs avec leur puissance directe née tout autant du manche de Iommi que des baguettes d’un Singer déchaîné. Bien qu’un peu en marge de l’identité Black Sabbath, cet album se révèle très intense et d’un intérêt constant (il faut dire qu’avec une durée d’environ 35 minutes, le contraire aurait été très inquiétant). Tous les éléments s’imbriquent avec tellement de bonheur et de fluidité que l’on a le sentiment que le groupe tourne ensemble depuis des lustres. L’ensemble sonne d’un naturel surprenant.
Malheureusement, ce line-up fut des plus éphémères. Durant la tournée qui suivit, Hughes ne put assurer que quelques concerts. L’usage excessif de cocaïne et une bagarre avec le Producteur-Manageur du Sabb’ qui lui endommagea la gorge et le nez, lui interdirent d’assurer correctement ses vocaux. Malgré le doublage de Geoff Nicholls, Hughes fut viré et remplacé par Ray Gillen, ce qui n’empêcha pas Iommi de travailler de nouveau avec lui par la suite ("Fuzed" et "The Deep Session 96").