Après un « Seventh Star » de très bonne facture, BLACK SABBATH renoue avec ses mauvais penchants et se sépare de son chanteur pour le remplacer par un inconnu, Ray GILLEN. Celui-ci assure la fin du « Seventh Star Tour » et commence l’enregistrement du 13ème album du groupe, avant d’être remplacé au pied levé par Tony MARTIN, qui réenregistre alors toutes les parties vocales (la légende veut que pour le titre « Nightmare » les rires de GILLEN aient été conservé par MARTIN qui les jugeaient appropriés).
Dave SPITZ cède également sa place au vétéran Bob DAISLEY qui, bien que non crédité sur le disque, participe très activement à l’écriture des paroles (un peu aidé en cela par Geoff NICHOLLS). Cette bizarrerie au niveau des crédits n’est pas la seule, puisque contrairement à ce qui est indiqué sur la pochette, ce sont bien Bob DAISLEY et Eric SINGER qui assurèrent la totalité des parties de basses et de batterie. Dave SPITZ et le dénommé Bev BEVAN sont crédités pour des raisons assez obscures. Ce dernier n’a en effet uniquement apposé quelques percussions sur « Scarlet Pimpernel », alors que SPITZ, qui n’a absolument pas participé à l’enregistrement, n’est mentionné que parce que personne ne savait s’il était officiellement viré. De fait, à l’exception de IOMMI, tous les membres du groupe vont entrer et sortir au moins une fois du Line-up durant l’enregistrement de cet album. Le guitariste se retrouvant même seul à bord début 1987, ce qui explique l’imbroglio entourant le nom des membres du groupe crédité sur le disque.
Une seule chose est claire, la réalisation de ce «Eternal Idol » se fait dans la confusion la plus totale. Et pour autant, au regard de ces conditions d’enregistrement assez chaotiques, le résultat est assez heureux et surtout très homogène.
Dès le premier titre, le très bon « The Shinning », on ne peut que faire un double constat. Tout d’abord, nous sommes loin de l’esprit originel de BLACK SABBATH. La lourdeur légendaire s’est dissipée dans un chant plus FM, des nappes de clavier très légères, et des riffs plus classiques. Second constat, dans l’ensemble les compositions tiennent plutôt bien la route avec notamment comme point d’orgue le solennel « The Shinning », « Nightmare » au riff assassin et aux vocaux ressuscitant RJ DIO, et surtout le sombre et torturé « Eternal Idol ».
Alors soit, la qualité est un peu moins au rendez-vous sur les autres titres, avec entre autre un instrumental totalement dispensable (« Scarlet Pimpernel »), mais les riffs sont toujours efficaces (« Born To Lose », « Lost Forever ») et l’orchestration est de très bonne facture. Le bémol vient essentiellement du fait que le Sabb’ à ici perdu son côté intemporel et opaque pour proposer une musique bien plus classique et surtout terriblement ancrée dans les années 80, cela étant du en grande partie à la voix de Tony MARTIN.
Pour la petite histoire, la pochette du disque devait initialement être une photo de la sculpture de RODIN, « L’éternelle Idole », mais pour des raisons de droits, cela ne put se faire et le groupe décida d’utiliser une photo d’un couple enduit de peinture qui reproduisait la mise en scène de la sculpture originelle.