Un mois, c'est le temps qu'il vous faudra attendre après la lecture de cette chronique avant de pouvoir vous procurer Artificial, le dernier album d'Unitopia qui, après deux albums encensés de toute part, est d'ores et déjà devenu une référence dans le trop petit monde du progressif. Trop petit, car la musique de nos amis Down Under est d'une telle variété, qu'elle devrait pouvoir toucher bien au-delà des simples oreilles progressives, certes friandes d'émotions qui touchent à la fois le cœur et le cerveau, mais également adeptes d'autres univers à connotation "intellectuelle" moins marquée. Alors avec ce troisième album, à la gestation bien moins longue que ses prédécesseurs, qu'ont bien pu nous trouver Sean Timms et Mark Trueack, les deux têtes pensantes du groupe, pour surprendre et emporter l'adhésion des auditeurs ?
Pour commencer, il convient de préciser qu'Artificial est un concept album … aïe, voilà qui va déjà faire fuir les caricaturistes qui ne voient dans ce genre de projet que masturbation intellectuelle, grandiloquence et autres effets pompeux. Alors oui, le sujet évoqué reste à la fois vague et vaste, puisqu'il traite de la dichotomie entre le monde réel et un monde artificiel que l'Homme s'est inventé, et de sa faculté à passer de l'un à l'autre. Ceci étant posé, place à la musique de cet album qui se décompose en 10 plages enchaînées, abordant une nouvelle fois des domaines variés et plein de surprises.
La première d'entre elles trouve place dans Nothing Lasts Forever, titre hommage aux Beatles, enchaînant les unes après les autres les références à la musique du groupe de Liverpool, reprenant même quelques "vers" des plus célèbres (Come Together !), avant un final orchestral du plus bel effet. Pour le reste, la musique d'Unitopia continue d'évoluer du jazz au progressif le plus pur, en passant par Alan Parsons Project (The Great Reward s'apparente notamment aux titres clôturant habituellement les albums d'APP, du style Same Old Sun par exemple). Le tout est servi par des musiciens hors pair, avec notamment une nouvelle section rythmique des plus efficaces. Les interventions de saxophone et le soutien des percussions apportent en plus une couleur très personnelle à cette ambiance musicale, modèle déposé du groupe depuis ses débuts. La performance de Mark Trueack au chant est une nouvelle fois époustouflante, avec son timbre rappelant un Peter Gabriel au meilleur de sa forme. Et quand il se trouve accompagné (par exemple dans Gone in the Blink of an Eye, les harmonies vocales rappellent les plus grands maîtres du genre (et on pense ici une nouvelle fois à Alan Parsons Project).
Et ce qui marque le plus chez Unitopia, c'est la justesse et la précision de chaque note, chaque accord : tout est parfaitement en place, rien n'est superflu ou accessoire, et ceci tout en conservant intacte l'émotion qui découle à plein flot de chaque titre. Le sommet de l'album en est le morceau … le plus long et le plus progressif : du haut de ses 13 minutes, Tesla renoue avec les envolées de The Garden avec des thèmes variés, des mélodies enchanteresses, des chorus musicaux et symphoniques tout bonnement incroyables et générateurs de frissons à chaque écoute, et un final apte à devenir un véritable hymne (We Are our Parts of the Whole !), dont on imagine déjà la puissance qui en résulterait en concert.
Vous l'aurez compris … l'attente va être longue ! Artificial est un nouveau sommet musical, dont les nombreuses écoutes nécessaires à la réalisation de cette chronique n'ont été que pur bonheur et prétexte à de nombreux frissons le long de l'échine. Que la musique est belle quand elle déclinée de la sorte ! Vous pensez que votre chroniqueur en fait un peu trop avec ce groupe ? Je vous laisse en juger… Dans un mois !