Nous avions quitté Neal Morse avec l’excellent DVD live Sola Scriptura And Beyond et il nous revient avec un nouveau témoignage scénique de près de trois heures et demi compilé sur trois disques. So Many Roads regroupe pas moins de treize morceaux enregistrés lors de six dates de concerts en Hollande, Allemagne et Belgique en 2008. Si le DVD axait principalement le propos sur la carrière solo du génie, So Many Roads balaye en plus l’ensemble de l’activité de Neal dans Spock’s Beard et Transatlantic. Le groupe l’accompagnant dans cette aventure est sensiblement le même que sur le DVD à part le remplacement du guitariste prodige Paul Bielatowicz au profit de Elisa Krijgsman.
En tant que résumé d’une carrière fructueuse, So Many Roads est un peu le Saint Graal. C’est là le point fort de l’objet : proposer le Neal Morse dans ses réalisations majeures. Même si les choix de la période SB peuvent en frustrer quelques-uns, ceux de la période Transatlantic sont assez bien choisis avec notamment « Stranger In Your Soul » et « Bridge Across Forever ». Pour le reste Neal Morse nous propose quelques extraits de son dernier album studio, « Leviathan » et « Lifeline », deux morceaux de One et des medley dont il est toujours très friand.
Les performances individuelles sont sans faille et le collectif fonctionne à merveille. Le groupe autour de Neal commence à avoir une aisance certaine pour permettre un développement le plus fluide possible. Pour illustrer cette alchimie écoutez les parties vocales très complexes de « Author Of Confusion/I’m The Guy », parfaitement restituées par le groupe. La voix de Neal est toujours très expressive et l’américain est comme habité sur certaines séquences, allant chercher des sonorités que l'on avait pas l'habitude d'entendre de sa part (les harmonies vocales au milieu de "Stranger In Your Soul/Bridge Across Forever" sont extraordinaires). Le public est un acteur du concert à part entière dans « We All Need Some Light Now » et la version « Stranger In Your Soul/Bridge Across Forever » est tout simplement monumentale.
Vous l’imaginez sans difficulté l’écoute de ces trois disques n’est pas aisée surtout avec quatre morceaux dépassant les trente minutes, mais le tout s’avère être une excellente introduction à l’œuvre du bonhomme pour ceux qui ne le connaitraient pas. Avec ce triple live on se rend encore un peu plus compte de l’incroyable créativité de Neal Morse qui, depuis des années, ne s’est jamais tarie, pour représenter ce qui se fait de mieux actuellement en terme de rock progressif symphonique. La générosité de Morse est plus que jamais manifeste dans ce triple témoignage, et bien que l’image fasse défaut, l’émotion véhiculée tout au long des disques est palpable.
Bien que ce triple disque sorte peu de temps après le DVD Sola Scriptura And Beyond ne craigniez pas l’overdose. Neal Morse a été assez clairvoyant pour éviter au maximum les redites avec une belle brochette de titres euphorisants. On en vient presque à acheter les yeux fermés tout ce qui est estampillé Morse. Combien d’artistes peuvent se targuer d’une telle constance dans l’envie de créer et l’ambition de contenter leurs fans? Même si l’interprétation est au cordeau (difficile de sortir de la partition avec une telle complexité de composition), ce live s’avère être déjà un des grands live de la décennie à venir. Prochaine étape : un nouvel album studio ?