« Absolutely Live » est le premier enregistrement public officiel de Toto et le premier d’une belle série. Capturé en 1993, il prouve à ceux qui n’ont jamais vu le groupe en concert que Toto est bien plus qu’une gentillette machine à hit commerciaux aux productions parfois trop parfaites et cliniques. Toto, en concert, fait vivre ses standards et les module, les allonge, les enrichi, au gré de son humeur. Toto, c’est également un groupe d'excellents musiciens qui savent jouer et possèdent un touché et un feeling incroyable, prenant un réel plaisir sur scène.
Pour replacer cet album dans son contexte, le groupe vient de sortir « Kingdom Of Desire » et peu après à la mort accidentelle de son batteur Jeffrey Porcaro, décide de poursuivre tant bien que mal l’aventure. Les musiciens, qui songeaient un moment à tout arrêter trouvent en Simon Phillips, dont la renommée n’est plus à faire, le remplaçant idéal. Toto se relève donc et bien vivant, enregistre et publie son premier live. Côté chant, Luke assure tout le lead seul, appuyé par la force des chœurs de Jenny Douglas McRae, Donna Mc Daniels et John James, tandis que le monstrueux Chris Trujillo vient jouer les percussions. Ces chœurs nombreux apportent une couleur toute particulière, assez soul, aux hits tels que « Hold The Line » ou « Don’t Chain My Heart » tout deux gratifiés de passages où le public donne de la voix en écho aux chanteuses. Le son, bien que fort agréable, est bien loin du mur de son et de clarté qui caractériseront les lives suivants. La guitare de Luke est bien plus en retrait à cette époque, étouffant le côté rock dur au profit d’un ensemble plus « Big Band ».
Tout débute par un « Hydra » fort musclé et bien plus lourd que sa version studio : un pavé. Les classiques sont légions dans ce double album qui ne contient que deux titres fraichement pondus : un « Kingdom Of Desire » très épique et typé et le « Don’t Chain My Heart » précité, hit parmi les hits. Un joli medley acoustique et tout en douceur regroupe la majorité des titres du premier CD qui se termine par un « Africa » de fort bonne facture. La triplette finale constituée de « Home Of The Brave », un « Hold The Line » hors format, et une judicieuse reprise des Beatles en hommage à Jeff, sont à l’instar de l’opener boostés par la fougue d’un groupe à fleur de peau et très inspiré. Percus et chœurs se complètent pour offrir un final digne de ce nom.
« Absolutely Live » constitue donc un joli Best Of, instantané d’un Toto combattant et déterminé. Les puristes auraient aimés y voir figurer des « Gypsy Train », « Nerver Enough », « Child’s Anthem », « You Supply The Love » et autres surprises issues de cette tournée monumentale. Les bootlegs nombreux leur apporteront satisfaction.