Nul besoin de présenter Kiko Loureiro. Pour l’exercice de style tentons trois substantifs qui peuvent résumer le musicien : virtuosité, musicalité et fidélité. Virtuose et musicalité car il est peut être le digne successeur de Nuno Bettencourt dans le sens où il réunit deux aspects faisant le rapprochement entre les deux lusophones : une technique qui lui permet d’appréhender presque toutes les mélodies qu’il imagine et un jeu unique quintessencié par son toucher. Fidélité, enfin, à ses racines brésiliennes qu’il n’hésite pas à exploiter dans ses compositions.
Quand il n’est pas à la tache avec son compère Rafael Bittencourt pour servir Angra, Kiko aime à composer de la musique dont sa guitare se fera messagère. Kiko n’est pas novice dans l’exercice solitaire car il a deux albums solo à son actif, No Gravity en 2004 et Universo Inverso en 2006. Fullblast est le troisième essai et encore une fois c’est un grand moment de plaisir qui attend l’auditeur.
Si Universo Inverso était plutôt porté sur le jazz latin c’est sur le terreau métal mélodique de son prédécesseur No Gravity que Fullblast prend naissance avec un rock instrumental de haute volée dévoilant de nombreuses facettes et apports. La présence de Mike Terrana, encore une fois derrière les fûts, donne à l’album une assise rythmique très solide qui permet à Kiko d’entrevoir tous les tempi et toutes les ions traditionnelles brésiliennes dont il souhaite. Et ces séquences sont légions dans Fullblast et même parfois là où on ne les attend pas, à l’instar de Holy Land. Cette liberté de ton permet à Kiko de venir chatouiller les gammes jazz, comme pour « Desperado » qui est pourtant un morceau bien rentre-dedans. C’est d’ailleurs le cas pour les trois premiers morceaux du disque, tous excellents, qui nous emmènent sur les terres d’Angra avec un zest de métal progressif.
Kiko titille le néoclassique dans le démonstratif « Outrageous » et offre des mid-tempos très réussis, « Whispering » et « Pura Vida », dans lesquels son toucher s’exprime intensément. Les ballades sont aussi brillantes avec notamment « Excuse Me » ou la très satrianienne « A Clairevoyance ». Des morceaux plus complexes, plus progressifs dirons nous, viennent colorer un peu plus un album très éclectique. On pense par exemple à « Se Entrega, Corisco !» ou « Corrosive Voices ». Fidélité, pour finir, aux thèmes brésiliens avec « Mundo Verde » ou l’intro de « Se Entrega, Corisco !». Et dans un style acoustique mais tout de même différent « As It Is, Infinite » qui vient clore un magnifique Fullblast varié et attachant de bout en bout.
Fullbast est un disque majeur de guitare instrumentale, pas moins. On avait laissé passer cet album en 2009 et nous nous en excusons en réparant cette injustice en 2010. Kiko Loureiro n’est pas seulement le guitariste d’Angra. C’est aussi et surtout un musicien très inspiré capable de transporter l’auditeur sur de nombreux territoires.