Nous aurions dû nous en douter ! Lorsque Krokus a annoncé un "break artistique" début 2008, nous n'aurions pas dû nous inquiéter, le groupe suisse ayant pour habitude de voir son line-up modifié dans tous les sens. Et puis la nouvelle est tombée quelques mois plus tard: A l'occasion d'un concert événement, Krokus se reformait sous son line-up légendaire, celui qui nous avait offert le carré d'as du début des années 80 avec "Metal Rendez-Vous", "Hardware", "One Vice At A Time" et "Headhunter". De fil en aiguille, le quintet décide de rentrer en studio pour nous offrir un nouvel album dans la droite lignée de ceux cités précédemment, avec pour objectif de "botter le cul au "Black Ice" d'AC/DC" (dixit Chris Von Rohr)!
Autant le dire tout de suite, le retour dans la période bénie du combo est parfaitement réussi. Tous les éléments sont réunis, de la voix de Storace toujours aussi proche de celle de Bon Scott, aux compositions semblant chacune tout droit sortie de l'un des 4 albums légendaires, en passant par une section rythmique efficace et sans fioriture. De "Drive It In", Hard Rock'n'Roll frais et énergique, au speedé "Firestar", en passant par le mid-tempo "Ride Into The Sun" rappelant des titres tels que "Winning Man" (Hardware) ou "Screaming In The Night" (Headhunter), tout ici nous renvoie à la glorieuse époque, même les fameuses références, parfois encombrantes, à AC/DC. On pense fortement à "Rock'n'Roll Damnation" sur "Rock'n'Roll Handshake", à "Problem Child" sur "In My Blood", ou à "Shot Down In Flames" et "Girls Got Rythm" sur un "Keep Me Rolling" reprenant tous les standards des frères Young. Pourtant, tout ceci passe parfaitement et ne nous laisse que le plaisir de profiter d'une musique à la fois simple, efficace et bien foutue.
Cependant, si ces éléments jumelés à la voix de Marc Storace laissent obligatoirement planer l'ombre des légendes australiennes, il serait malhonnête de continuer à considérer Krokus comme un simple clone. Depuis plus de 30 ans et avec une quinzaine d'albums au compteur, ce groupe nous a proposés un Hard-Rock varié et ne se référençant pas systématiquement à AC/DC, et a imposé sa propre personnalité. Et si le style dans lequel ils officient doit la plupart de ses critères aux frères Young, et que la voix de leur chanteur ressemble fortement à celle de Bon Scott, qu'y peuvent-ils ? Même si sa discographie n'a pas toujours été à la hauteur, Krokus nous a tout de même offert quelques albums de haut calibre qui imposent le respect, surtout lorsqu'il est capable de dégainer des titres aussi imparables qu'un "Hoodoo Woman" ZZ Topien, ou qu'un "Too Hot" au riff aussi évident qu'irrésistible.
"Hoodoo" est donc à la fois une véritable bonne surprise, et un retour aux sources réussi. Tout juste regretterons-nous la reprise du "Born To Be Wild" de Steppenwolf, non pas qu'elle soit mal interprétée, bien au contraire, mais elle a déjà été tant entendue qu'elle n'apporte rien à cet album. Espérons maintenant que Krokus continuera à nous offrir d'aussi bons albums et qu'il ne cèdera pas à nouveau à ses sempiternels problèmes d'ego qui ont si souvent traumatisé son line-up. Un opus à posséder donc pour tout amateur du genre. Quant à savoir si "Hoodoo" "botte le cul de 'Black Ice'", nous vous laisserons juger et considérerons pour notre part que Chris Von Rohr s'est laissé emporté par un enthousiasme que la qualité de cet album peut expliquer et pardonner.
P.S: A noter une version limitée étoffée par le DVD du concert événement de reformation de 2008.