"Creations From A Chosen Path", le premier opus de Silent Call, groupe de Métal Mélodique suédois, n’avait pas, en 2008, transporté notre rédaction, « correct sans plus » si l'on souhaite synthétiser. Un manque d’originalité qui rendait difficile l’intérêt de l’auditeur sur la durée, voilà où le bat blessait. Deux ans plus tard et Daniel Flores (Mind’s Eyes) en moins, voici que déboule, sur nos platines érodées de tant de vents mélodiques furieux qu’elles semblent aussi dévastées que le jeu du moment de l’équipe nationale de ballon rond, le second opus des gars de Stockholm, le dénommé "Greed".
Alors que nous réserve cet « appel silencieux » chers camarades de jeux ? Hé bien je dois dire que cet opus fait partie des œuvres peu aisées à chroniquer. La vie d’un chroniqueur chez MW n’est pas tous les jours roses, parfois nous héritons d’opus inaudibles ou impénétrables voire trompeurs car, trop fan du groupe nous courons le risque de perdre toute objectivité. Ici, ce n’est pas le cas. Ici, c’est la quatrième grande raison. Celle qui nous oblige à nous échiner à passer le disque en boucle car on s’aperçoit, après chaque écoute, qu’il se bonifie au fur et à mesure. Je vous parlais de difficulté et vous vous demandez certainement où elle se niche puisque le plaisir va en grandissant. Je vais vous le dire tout de go, c’est qu’en fait, on ne sait quand il faut s’arrêter de peur de ne pas avoir repéré toutes les qualités de la bête en arrêtant ses écoutes au moment T et d’ainsi fausser l’analyse à produire.
"Greed", opus de Métal Mélodique Progressif est de cette race. Les premières écoutes sont motivées par la voix vraiment accrocheuse d’Andi Kravljaca, transporteuse et expressive, elle assure l’accroche initiale. Les suivantes sont portées par l’intérêt que génèrent les mélodies. Nombreuses et diverses dans chaque morceau, elles ne s’offrent pas d’emblée à notre soif de mélodicité. Elles éveillent au fil du temps la curiosité et finissent par convaincre sans lasser. Rajoutez à cela des ambiances aux claviers, (merci Patrik Tornblom) vraiment dignes d’intérêt et qui apportent aux morceaux un liant harmonieux qui les embellie.
On pense bien entendu à Dream Theater (époque "Images And Words"), mais aussi à Symphony X en moins torturé, à Savatage (époque "Gutter Ballet") ou à Evergrey assez fréquemment. La variété des atmosphères est notable. De la puissance d’un "Every Day", d’un "Unbreakable" ou d’un "I Am My Nation" au mid-tempo royal qu’offrent "Through The Endless Night", "Turn The Tide" et "When The Angels Call Your Name", d’un panaché des deux proposé par "Dream Tomorrow", au calme réparateur de la ballade "Clavain’s Tale", on passe par toutes les sensations que nous aimons trouver dans notre chère musique.
Voilà donc un disque qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Sachez l’apprécier au fil des écoutes, il se découvrira à vous par touches successives. Les impatients devront donc s’abstenir, ceux pour qui plus la découverte est longue plus le plaisir est grand n’ont qu’une chose à faire: tenter le voyage proposé par ces Suédois qu’il va falloir assurément suivre d’un œil attentif.