Lost Soul ou l’équilibre parfait entre brutalité millimétrée et accroche mélodique. Bien que "Immerse In Infinity" constitue le quatrième album des Polonais, ceux-ci peuvent être considérés comme des vétérans du métal de la mort, la date de naissance écrite sur leur carnet de santé étant 1991 ! Plusieurs démos et pas mal de galères plus tard, le groupe devient un projet sérieux dix ans plus tard.
Que de chemin et de progrès parcourus par ce modeste artisan qui forge aujourd’hui un death technique et intense de haute volée. Plus les années passent et plus son art devient sophistiqué, ce qui ne signifie absolument pas qu’il ait mis de l’eau bénite dans son vin de messe. Néanmoins, depuis le précédent disque en 2005 ("Chaostream"), Lost Soul préfère opter pour un format de morceaux assez longs, compositions complexes aux multiples cassures rythmiques.
Fort de huit pistes pour près d’une heure de musique, "Immerse In Infinity" repousse encore plus loin les limites posées par son aîné. Voisinant avec les 8 minutes au compteur, chaque titre forme un labyrinthe étouffant, succession de strates et de plans incroyables. Malgré tout, la cohésion demeure toujours. La basse est énorme ("… If The Dead Can Speak" par exemple) et dresse un rempart rythmique avec la batterie imprenable, cependant que le jeu des guitares se montrent aussi acharnés que virtuoses.
On sort exsangue (mais heureux) d’une agression qui accède à un tel niveau de technique et de violence ("216", monstrueux de bout en bout avec ses parties de folie et qui résume à la perfection le style du groupe ). N’hésitant pas à plaquer des descentes de gammes malmsteeniennes ("Revival"), Lost Soul réussit là où les derniers Vital Remains se plantent : Ce qui semble incongru chez ces derniers, fusionne avec harmonie chez les Polonais.
Basées sur un maillage instrumental ultra serré, ces attaques aux allures de déballage de violence possèdent une densité digne de celle du Japon. Ils sont comme une boule de nerf épidermique toujours prête à exploser. Et lorsque Lost Soul décide de se lancer dans l’érection d’un tempo pesant, comme il le fait le temps du magnifique "Breath Of Nibiru", ou de galoper pendant près de 10 minutes, celles que dure "Simulation", "Immerse In Infinity" atteint une dimension cyclopéenne.
Jadis formation de seconde zone, Lost Soul confirme avec ce quatrième opus tout le bien que l’on pensait de lui et entre (enfin) dans la cour des grands, promotion amplement méritée. Une acquisition indispensable pour tous les fans de grand death-métal bourrin, technique mais toujours mélodique.