Jumper Lace, qui est né sur les cendres de Vixen, à une caractéristique assez plaisante, le nom de chacun de ses membres est issu de l’association du prénom de chaque musicien et du nom d’une actrice de films pornographiques. Ainsi, ont participé à cet album, Chris Chambers (Chant - Marylin Chambers), Fred Donovan (Basse - Stacy Donovan), Crissy St James (Batterie - Heather St James), Vince Lovelace (Guitare - Linda Lovelace) et Vinny Del Rio (guitare – Vanessa De Rio). Comme on le pressent, l’ambiance au sein du groupe n’est pas à la prise de tête, et celui-ci délivre une musique directe et simple, à l’image de l’énergique et entraînant "Sting Of Remorse".
Le groupe bénéficie d’un son excellent, puissant et clair, qu’il met au service d’une interprétation de qualité, comme le démontre le très bon "Figueroa Street" et son intro hyper efficace. Mais, car il y a un mais, l’accent de Chris Chambers est assez rédhibitoire, et c’est fort dommage. En effet, si celui-ci possède une voix chaude et puissante qu’il sait à l’occasion moduler pour donner plus de vie aux morceaux, son accent très typé « français » donne un sentiment d’amateurisme fort désagréable. Il n’y a guère que lors des passages où les vocaux sont doublés par des chœurs, ou (de manière assez inexplicable) lors du titre "Little Red Riding Hood" que ce sentiment se dissipe un peu. Dans ce dernier titre, le groupe fait preuve d’un groove assez surprenant. Au travers d’une rythmique plombée et de chœurs primesautiers, il se montre original et excitant. "French Letter", le titre suivant reprend un peu cet esprit, notamment avec des passages de guitares claires funkisantes.
Malheureusement, au côtés des très bons titres que sont "Sting Of Remorse", "Figueroa Street", "Little Red Riding Hood", "Murder Easy Action" ou "French Letter", de trop nombreux morceaux se révèlent assez convenus et pâtissent de l’absence de cette petite touche d’originalité propre à faire toute la différence. Jumper Lace se positionne plutôt dans la catégorie des bons élèves, appliqués et doués, mais qui souffre d’un léger manque de personnalité et de caractère. Le pari du chant en anglais, n’est certainement pas étranger à ce défaut de caractère. En effet, au regard des qualités du groupe, il semble évident qu’avec un Chris Chambers délivré de la contrainte du chant en anglais, Jumper Lace aurait probablement gagné en assurance et en efficacité. Malheureusement, "La Tribu Menthe", une démo chantée en français qui est proposée en bonus, pâtie d’un son si mauvais qu’il est bien difficile de pouvoir juger sur pièce.
Il est à noter que "The Last Jump" a été écrit et enregistré en 1993, à la veille du split du groupe pour mésententes, mais n’est paru qu’en 2003 grâce au soutien des labels « Les fils du métal records » en Allemagne et « Brennus » en France. L’album est alors proposé avec la démo de 1998, "Vixen Pride".