Neverland est un groupe d’origine assez originale, composé de membres turcs et d’une chanteuse grecque. Ils avaient sorti, il y a moins de deux ans un album prometteur, aux compositions intéressantes et aux interprétations agréables. Le cd était, il est vrai, gorgé de guest stars comme Hansi Kürsch de Blind Guardian, Tom Englund de Evergrey, et aussi plusieurs membres de Shadow Gallery. Dans un genre épique souvent convenu, la curiosité envers un album plus mature était bien présente dans notre équipe de chroniqueurs.
Il faut l’avouer rapidement, la première écoute de ce "Ophidia" fut assez laborieuse. Une production touffue, une voix lassante et parfois insupportable, couplée à une batterie sans âme. Il fallait vraiment avoir l’âme consciencieuse pour en pousser plus loin l’étude. Et pourtant, le premier titre "This Voice Inside", avec ses percussions tribales, ses chœurs moyenâgeux, son piano lancinant, installait indéniablement une ambiance réussie. Mais pendant la première minute de l’album uniquement.
Ensuite, c’est à un véritable brouillon sonore auquel nous avons droit. Pourtant, la composition n’est pas dénuée de qualités, mais elle accumule déjà les défauts énoncés plus haut. Le titre suivant "Silence The Wolves", égrène pas mal d’idées ; changement vocal intéressant, chœurs, guitare acoustique, et un bon solo de guitare. C’est peut-être le morceau le plus réussi, même s’il n’évite pas les écueils précités. Beaucoup d’idées, trop, beaucoup de sonorités, mais parfois hors du contexte.
La plage titulaire "Ophidia" n’est pas mieux lotie. Et ce n’est pas l’utilisation convenue de vocaux sombres qui va nous convaincre du contraire. Avec ses aspects folk et ses vocaux plus appuyés, "Invisible War" aurait pu être un bon morceau, mais la batterie est à nouveau trop mécanique, la production brouillonne, certains effets (les chœurs) mal agencés, mais tout ça devient récurrent. Si jusque-là, les compositions tenaient la route, bien que malmenées, les deux suivantes sont plus insipides, sans pour autant se dépêtrer des carences énoncées.
Vient alors "Speak To The Devil", également aux accents folk, mais rappelant aussi Blind Guardian, si bien qu’on rêve de leur propre interprétation. Le refrain à la voix grave est super accrocheur, mais là aussi, plus de talent dans l’interprétation et un dégraissage dans la production auraient été les bienvenus. Nous regretterons également l’absence chronique de la chanteuse. Il est nécessaire de se repasser l’album pour vraiment noter ses rares interventions: dommage... Les invités, moins nombreux, dont Jon Oliva, sont cette fois plus que discrets: re-dommage ...
Finalement, il est étonnant, que dans un genre où le bât blesse souvent au niveau de l’originalité et de la qualité des compositions, Neverland nous énonce des défauts plus facilement évitables. Quel dommage que la production soit aussi bâclée, et l’interprétation aussi peu passionnante ! Nous restons toutefois convaincu que le potentiel du groupe est intact. Il leur faudra cependant retrouver le côté organique de leur musique.