En 2006, le combo s’était essayé à l’exercice de style acoustique avec un "Origin" plus que mitigé. Que nous ont réservés les Norvégiens pour ce huitième album ? Avant toute chose et pour ne pas déroger à la règle en vigueur chez Borknagar, le line-up enregistre des nouveaux changements avec le retour de Jens F. Ryland et l’arrivée de David Kinkade, mais la véritable information concerne le chant qui est tenu, depuis 2001 maintenant et "Empiricism", par le gigantesque Vintersorg.
Si l'on fait abstraction de l’entame de "Havoc" qui rappellera "House Of The Rising Sun" version The Animals, Borknagar nous embarque dans un nouveau périple black progressif teinté de folk si cher à Vintersorg. A ce titre, l’emprise de ce dernier sur le projet est telle, que la démarche de Borknagar est plus que jamais proche du projet solo de Vintersorg, tant et si bien que l’auditeur lambda se demandera où se situe la frontière entre les deux projets. La seule différence notable concerne les paroles qui se déclinent à la sauce norvégienne pour ce dernier projet éponyme en accentuant ainsi l’aspect folk.
La démarche de Borknagar en général, et de ce "Universal" en particulier, peut se résumer en une alternance de blast-beat dévastateurs, via l’entremise de la double pédale foudroyante du nouveau venu Kinkade, breaks folkloriques acoustiques enchanteurs, et refrains totalement entêtants entretenus par le chant clair si typique et merveilleux de Vintersorg (comment ne pas se surprendre à fredonner le fabuleux «"For A Thousand Years To Come"?).
Une recette des plus appétissantes qui se révèle un brin répétitive tant elle est marquée dès l’entame de la seconde partie de l’opus. A la décharge des Norvégiens, avouons que l’exercice de style s’avère particulièrement compliquée dans le sens où la frontière entre folklore envoûtant et grand guignol est ténue. Ainsi Borknagar n’échappe pas à la faute de parcours et frôle la correctionnelle avec notamment "Fleshflower" qui abuse à l’excès de l’effet folklorique qui en devient caricatural pour l’occasion ! Effet que l’on aurait pu croire repris sur "Worlwide" tant l’entame démarre sur des bases similaires. Fort heureusement, la suite est d’un tout autre acabit. "Universal" se termine de la plus belle des façons avec le sublime "My Domain" sur lequel une vieille connaissance du combo -à savoir I.C.S. Vortex qui a officié dans le groupe de 1997 à 2000- posera ses lignes vocales, elles-aussi si spécifiques.
Au final, si Borknagar ne révolutionne en rien sa recette, il n’empêche qu’en dehors de certaines longueurs et d'un dérapage incontrôlé, "Universal" est un album honnête qui figurera en bonne place dans la discographie du combo. Cependant, si nous ne doutons pas que les fans se délecteront de cette nouvelle offrande, nous sommes tout de même en droit d’attendre un peu plus qu’un bon album de la part d’un combo aussi magique que Borknagar !