Malgré sa sortie en 2003, l’histoire de "Reconstruct" ne date pas d’aujourd’hui. Elle a débuté en 1994 avec la formation du groupe "Chain" par quatre très jeunes musiciens. De cette réunion naîtra une seule et unique cassette de démos avant que les membres ne décident de se séparer une année plus tard.
En 2002, l’un d’entre eux retombe par hasard sur la cassette. Il s’agit de Henning Pauly, déjà connu comme le père du projet "Frameshift". Surpris de la qualité des morceaux, il passe une bonne partie de son année à retravailler les compositions. Il se fait aider par Matt Cash pour les paroles et le chant. Le concept de l’album voit le jour : les cycles de l’évolution sur notre planète. "Reconstruct" est né.
Rarement un album ne m’aura donné autant de difficulté a être évalué. Le premier contact est pourtant bon. Les deux premières pistes interpellent immédiatement : La première par son coté atmosphérique spatial que l’on retrouvera dans tous les intermèdes intitulés "Earthscape" et la seconde par son style métal progressif symphonique ponctué d’accalmies et sa ligne directrice très accrocheuse jouée par différents instruments allant du piano à la guitare électrique.
Dès le troisième titre cependant l’impression positive du début fait place à une certaine incompréhension. Cette nouvelle piste hard rock des années 80 avec un solo d’orgue hammond détonne fortement. L’intermède suivant replace l’auditeur dans le contexte d’origine, avec usage de l’électronique pour un style industriel et une narration à la « Nolan & Wakeman ».
Ainsi de suite les pistes et les intermèdes se suivent mais ne se ressemblent pas. Tantôt d’aspect symphonique à la Rhapsody sans la double pédale, tantôt progressif complexe et expérimental, tantôt progressif mélodieux et libérateur, parfois musique de film, souvent rock des origines, rarement pop, « Chain » propose ainsi un album totalement décousu. Le chant n’arrange malheureusement pas les choses, son intégration dans les morceaux étant très inégale. Collant parfaitement dans "Missing Link", il se révèle très âpre dans "First Life".
Paraissant très simple au premier abord, « Reconstruct » est exactement le contraire dès lors que l’on passe les trois ou quatre premières pistes. Vous serez emmené dans un monde musical complexe, hétéroclite et peu évident à cerner. Les sentiments et sensations risquent fort d’être contradictoires d’un passage à un autre, d’une piste à la suivante. "Reconstruct" est un défit que relèveront certains d’entre vous et d’autres non.