Groupe scandinavo-américain formé il y a déjà plus de 20 ans, Tempest évolue depuis une bonne douzaine d'albums dans un style folk/rock, fortement teinté d'influences celtiques et traditionnelles norvégiennes. Pourtant, la simple vision du look des cinq compères, ainsi que leur distribution par un label habituellement dévoué à la cause des métalleux, amènerait un auditeur peu curieux à penser le contraire et à se détourner rapidement de la dernière production du groupe, Another Dawn. A tort sans doute.
Let's Live For Today ouvre l'album à la façon de Capercaillie. Mais, passées les quelques secondes d'introduction musicale, ce n'est pas la voix splendide de la non moins splendide Karen Matheson qui vient réjouir les esgourdes, mais l'organe un peu rauque et à l'accent traînant de Lief Sorbye. Pas tout à fait le même style, mais soutenu par un groupe électrique, l'effet entraînant est immédiat, et on se laisse vite prendre au jeu des Sha na na na na na.
Entre compositions originales et adaptations du répertoire traditionnel, Tempest va ainsi dérouler sa dizaine de titres, passant tour à tour du folk celtique traditionnel (Dagda's Harp, à des contrées un peu plus déjantées fréquentées autrefois par The Pogues, ou électriques à la façon des Waterboys (Verses Of Grace notamment). La mandoline rappellera également les passages les plus folkloriques de The Human Equation – Ayreon.
Les violons de Michael Mullen sont omniprésents, et apportent la dynamique propre à la musique folklorique, tandis que les guitares électriques viennent en opposition colorer le tout à la sauce rock, à la manière d'un Ritchie Blackmore dans Blackmore's Night.
Attelage plutôt séduisant, malheureusement terni par la lourdeur de la batterie, dont le jeu vraiment peu original empêche les compositions de décoller. Elle est en outre bien souvent mixée beaucoup trop en avant.
Autre léger reproche, les arrangements pas toujours très inspirés, notamment quand plusieurs instruments se contentent de jouer simultanément la même partition (violon/guitare, violon/basse).
Malgré ses qualités et un style à la base séduisant, Another Dawn restera un album agréable mais sûrement pas inoubliable, la faute à une opposition de genres pas toujours bien maîtrisés. Entre Arjen Lucassen et Karen Matheson, il n'est pas forcément évident de trouver un juste milieu.