Noctiferia. Ce patronyme ne doit pas vous tromper. Le groupe ne prêche pas du black métal… ou du moins, plus maintenant. En effet, si les Slovènes ont pu être affiliés à cette chapelle à leurs débuts, qui remontent tout de même aux années 90, les derniers sédiments de ce passé ont depuis longtemps été balayés par un métal désormais plus moderne, que l’on serait tenté de qualifier d’indus quand bien même les intéressés se défendent d’en pratiquer.
Eux se réclament avant tout du death/dark cybernétique de Samael. Cela tombe bien puisque le bassiste des petits Suisses les a justement épaulés pour l’enregistrement de "Death Culture". Car cette fois-ci, on a décidé d’aller chercher le succès au-delà des frontières nationales chez Noctiferia. La signature chez Listenable et l’embauche de Peter Tägtgren et Jonas Kjellgren (Scar Symmetry) aux manettes procèdent de cette volonté de s’imposer après des années dans l’ombre. Mission en partie réussie si l’on en juge par les critiques dithyrambiques qui se multiplient à l’égard de ce quatrième opus.
Nous ne partageons pourtant pas tout à fait cet enthousiasme. L’album est certes très bien fait, riche d’une poignée de compositions au fuselage bien lourd, secouées par des vibrations à la fois groovy et hypnotiques. "Terror", "Demoncracy" ou "Slavedriver" constituent de bons exemples de la maîtrise des Slovènes. Pourtant, en dépit d’un sens des atmosphères glaciales et désincarnées incontestable (les plutôt bons "Delluders & Folklores" et surtout "Rust", que cisaille un solo jouissif), le disque finit quelque peu par lasser sur la longueur, et les dernières pistes se révèlent moins marquantes même si "Samsara" est porté par un souffle assez envoûtant.
"Death Culture", d’où percent quelques lointains oripeaux du passé à travers une emphase symphonique évidente, possède de vraies qualités et s’écoute sans déplaisir. Néanmoins, le groupe n’invente rien et stagne à des années-lumière de son modèle en terme de puissance visionnaire. Les amateurs me contrediront probablement. Un bon disque toutefois.