La Hollande … l'autre pays du fromage, et surtout terre d'élevage de groupes de rock de néo-progressif … des bons et pas mal d'autres beaucoup plus quelconques. Et voici que de cet autre plat-pays (qui n'est pas le mien) nous vient un groupe de "jeunes gens" réunis pour faire du rock progressif. Nom de scène ? Sky Architect. Signés dès leur premier album chez Galileo, et forts d'un artwork signé Mark Wilkinson (oui, vous avez bien lu, LE Mark Wilkinson, l'auteur des mémorables pochettes du Marillion première mouture), nos cinq jeunes gens déboulent dans le paysage musical progressif, mais avec une musique bien éloignée des standards bataves !
Avec Excavations Of The Mind, c'est plutôt du côté des pays nordiques qu'il faut lorgner pour trouver un lien de parenté avec d'autres groupes, et ce sont nos amis de Beardfish qui finissent rapidement par sauter aux oreilles à l'écoute des quatre parties de Deep Charm, composition épique de 20 minutes qui ouvre l'album. A l'instar des Suédois, Sky Architect bouscule tous les codes traditionnels, renvoyant à leurs chères études les traités d'harmonie conventionnels et autres certitudes de contrepoint, installant un joyeux bazar musical, allant du Genesis des 70's au jazz manouche, en passant par des harmonies floydiennes. Les claviers vintages soutiennent des guitares tour à tour furieuses et virevoltantes, tandis que les mélodies s'envolent d'une tonalité à l'autre, sur des rythmiques quelquefois carrées, souvent bancales. L'auditeur se retrouve entraîné dans un tourbillon, évoluant bien souvent au bord de l'abîme, régulièrement sur le point de décrocher avant de se faire rattraper par la manche grâce à un petit solo bien senti, ou un chorus enfin consonant.
La technique sans faille des cinq musiciens et leur imagination fertile leur permettent de développer des passages instrumentaux d'une richesse inouïe, dont la première écoute se révèlera plutôt compliquée. Mais l'auditeur persévérant finira par en dénouer les nœuds, et ce sera alors pour lui une expérience plutôt jubilatoire. A contrario, les parties chantées, pourtant peu nombreuses, finiront par s'avérer parfois fades, notamment dans le titre éponyme, mais sans toutefois gâcher le plaisir de la découverte des multiples méandres tissés par le groupe au fil des compositions.
D'approche compliquée pour les oreilles peu habituées au progressif tortueux, Excavations Of The Mind se laisse apprivoiser somme toute assez rapidement, offrant alors quelques grands moments aux amateurs de musique élaborée. Pour un premier album, Sky Architect nous offre d'ores et déjà une œuvre à la maturité étonnante. Nul doute que l'on reparlera très rapidement de ces jeunes gens dans notre galaxie progressive.