Ces quinze dernières années, des groupes comme Rammstein ont ouvert la voie non seulement à un mouvement joliment étiqueté Neue Deutsche Härte (traduisez Nouvelle Dureté Allemande), mais aussi à des textes fièrement chantés dans la langue nationale. Lancé au même moment sous le nom de Megaherz, puis depuis 2002 sous Eisbrecher mais avec un line-up sensiblement différent, ce groupe de six teutons profite de ce vent en poupe pour sortir cette année son quatrième opus.
Difficile pourtant de ranger Eisbrecher dans la catégorie peu enviable de simple remplaçant ou de suiveur. L’histoire du groupe remonte loin et s’est jalonnée de succès commerciaux dépassant les limites de leur Bavière d’origine. Même si moins enclin aux grosses distorsions de leurs homologues Berlinois, les Allemands possèdent également de l’énergie à revendre et des titres facilement assimilables. A gros coups de rythmiques militaires, de claviers autoritaires et de guitares saturées, le combo alterne entre mélopées mid-tempo et hymnes fédérateurs.
Eisbrecher pratique dans tous les cas un art martial, froid, laissant peu de place à l’émotivité, à l’image de "Bombe" ou "Amok". Quand bien même Alexx Wesselsky se laisse aller à plus d’affabilité ("Die Engel") ou bien qu’un chant féminin apparaisse de manière fugace, le chant germanique replace la rugosité dans le contexte de départ, celui d’un métal viril et impénétrable.
Au final, "Eiszeit" ne surprendra sans doute pas, se contentant de reprendre les outils et matériaux déjà utilisés dans d’autres forges. Ce métal industriel là n’est pas des plus sophistiqués, manquant sensiblement d’originalité, mais n’est pas dénué d’un certain agrément à l’écoute. Un intermède honnête en attendant mieux.