Après une brève traversée du désert, Blue Öyster Cult a décidé de se réveiller avec un "Cultosaurus Erectus" qui a mis tout le monde d'accord. "Fire Of Unknown Origin" vient, un an après, enfoncer le clou et hisser à nouveau Blue Öyster Cult sur le devant de la scène.
Toutes ces années à faire du bon et du moins bon auront eu un intérêt: le groupe a évolué. Même si personne n'aurait craché sur un "Secret Treaties II", comment ne pas être enthousiaste devant ce groupe qui, partant d'un hard rock bordélique et sophistiqué, parvient à synthétiser aussi facilement quelques mélodies éthérées et efficaces sur neuf morceaux sans jamais faiblir ? Car Blue Öyster Cult a su tirer la substantielle moelle mélodique de chaque morceau et l'exposer de manière limpide, succombant au passage totalement au coté hard FM que le groupe montre depuis "Agents Of Fortunes".
Pour expliquer ce son collectif, penchons-nous sur les individualités. Point important, Bloom abandonne la guitare pour ne s'occuper que des parties chantées. Le disque y gagne indéniablement en clarté. Les claviers sont eux assez en avant, avec des sonorités toujours légères mais qui savent s'imposer insidieusement. Le rôle de la basse est primordial, rythmiquement bien sur, mais surtout d'un point de vue mélodique, avec des gimmicks forts et lancinants, qui sont de nombreuses portes ouvertes vers des digressions du duo gratte/clavier. La batterie, dans un rôle très année 80, ne fait pas dans la technique inutile (le jeu de cymbales est ultra-minimaliste), en se concentrant sur son rôle de moteur des morceaux.
Le résultat tient de la réussite totale dans un style hard/heavy racé et fin, accessible dès la première écoute. Le coté lisse de l'album pose une brume éthérée sur l'ensemble, donnant une cohérence et un coté irréel renforcé par des paroles toujours un peu ésotériques (à l'origine le projet était de faire la BO du film Heavy Metal - projet abandonné mais dont certaines chansons sont rescapées et se retrouvent ici).
"Fire Of Unknown Origin" est un pic dans la carrière de Blue Öyster Cult, une sorte de perfection distraite. Le groupe ira encore plus loin en épaississant cette moelle mélodique sur "Imaginos". En attendant, tous les titres présents ici sont à savourer comme un caviar. À ne manquer sous aucun prétexte.