Steve Hackett a commencé sa carrière solo alors qu’il officiait encore dans Genesis : "Voyage Of The Acolyte" est calé entre "The Lamb ..." et "Trick Of The Tail". Après s’être très largement impliqué dans l’écriture de "Wind And Wuthering", Steve décide de voler de ses propres ailes pour explorer de nouveaux territoires. C’est réellement avec "Spectral Mornings" qu’il prend ses marques, même si ses deux premiers essais sont plus qu’honorables. Cet album va en effet réussir le tour de force de conserver le côté mélodique et mélancolique de "Voyage Of The Acolyte", en faisant montre du même esprit d’aventure musicale que "Please Don’t Touch", le tout dans un remarquable esprit d’homogénéité.
Toutes les facettes Hackett sont déclinées ici : la guitare, évidemment, avec les deux magnifiques solos de 'Spectral Mornings' et 'Everyday', lumineux, à la fois techniques et merveilleux de sensibilité. La guitare classique ('Lost Time In Cordoba', avec la flûte du p’tit frère John), un exercice que Steve affectionne et qu’il développera dans de futurs albums ('Tribute', entre autres). Les ambiances sombres, limite schizoïdes (les très réussis 'Clocks' - 'The Angels Of Mon' et 'Tigermoth'). Les contrastes entre les parties “studieuses” à la guitare classique et les pointes de fantaisie ('The Ballad Of The Decomposing Man' et son break samba !). Les ambiances orientales, présentes ici avec 'The Red Flower Of Tachai Blooms Everywhere', et que l’on retrouvera plus tard dans la discographie ("Till We Have Faces", 1984).
En écoutant "Spectral Mornings", on ressent bien la parenté musicale qui unissait Steve avec Mike Rutherford ('The Virgin And The Gipsy') mais plus encore une communauté d’approche avec les travaux d’Ant Phillips; il faudra pourtant attendre 2009 pour que ces deux guitaristes émérites collaborent ensemble sur "Out Of The Tunnel’s Mouth" ! A noter également le soin extrême que Steve a porté aux arrangements de claviers tout au long de l’album.
On ne peut que recommander chaudement l’écoute de ce "Spectral Mornings", peut-être l’album le plus homogène de Steve Hackett. Notons que la version remasterisée de 2005 comporte huit plages supplémentaires, avec des remix intéressants par la précision qu’ils apportent à la production (avec en prime, une fin magnifique à 'Everyday').