Sur notre site bien-aimé, nous avons des règles, comme celle de ne pas chroniquer les EPs ...
Alors pourquoi, moi qui ne chronique que du prog pur jus, ai-je décidé de vous parler d'un EP d'un petit groupe français qui œuvre dans un style qui n'est pas celui que j'affectionne ? Une partie de la réponse est dans la question : il s'agit d'un groupe français et il me semble important que Music Waves soutienne les productions hexagonales prometteuses.
Sens Of Luna (joli nom !), originaire d'Angers, s'est formé autour de Pasquale Ianigro et de Déborah Lequoque, deux entités (identités devrais-je dire) créatrices qui tissent une trame pop-rock-électro agrémentée de world (et de trip hop selon leurs propres dires).
Me voilà donc plongé dans un monde musical qui ne m'est pas vraiment familier... Et pourtant, les premières secondes du premier titre ("Angelico") ont capté mon attention. Les ronflements de ce qui pourrait être une 'pedal bass' sur fond de mélopée venue d'un autre monde, m'ont fait penser à quelques passages tribaux émaillant les albums de Peter Gabriel ou de Mike Oldfield. C'est sur cette atmosphère envoûtante que vient se poser la voix de Déborah, et quelle est agréable cette voix qui chante en français, italien ou anglais !
Ce court album est constitué de cinq titres aux ambiances variées. Ainsi on passe de l'électro-world "Angelico" à la ballade intimiste "Senza Luna" en passant par un swinguant "Belle Storie", genre de bossa nova jazzy issue d'une BOF de thriller des années 50. Les deux titres restants étant l'un ("Malasuerte") une composition qui évolue progressivement du folk latinisant au rock flamboyant, et l'autre ("Mailys") une gentille historiette à l'instrumentation arabisante. Bien sur, tout cela manque un petit peu de maturité technique, mais la qualité est présente. Les musiciens créent un univers très personnel, riche en sonorités et en harmonies dans lequel s'épanouissent les troublantes vocalises de la belle Déborah.
Petit album attachant donc pour un groupe qui pourrait devenir grand si le cruel monde de la musique ne brise pas son élan. Je suis d'ailleurs persuadé que les prestations live du combo doivent donner à leurs compositions une grandeur que le CD ne laisse pas suffisamment transparaître. A suivre, quoi qu'il en soit !