Voilà une idée intéressante qu'a eu Sony en rééditant ce premier album éponyme de The Angels. En effet, il est toujours intéressant de découvrir un groupe culte à ses débuts, surtout lorsque celui-ci a vu son premier opus produit par les célèbres Harry Vanda et George Young, partageant les Albert Studios de ces derniers avec leurs potes qui n'étaient rien d'autre qu'AC/DC et Rose Tattoo ! Nous voici donc en présence de la première offrande discographique des anges australiens, la version originale ayant été complétée pour l'occasion par quelques bonus, inédits et autres.
Alors que les premiers albums d'AC/DC et de Rose Tattoo permettent d'entrer directement dans l'œuvre de ces groupes, "The Angels" l'album ne peut être abordé de la même façon. En effet, nous avons ici affaire à une formation qui se cherche encore et dont les titres proposés naviguent entre une pop-folk britannique digne des Pogues ("High On You") et un Hard-Rock dynamique dont les riffs ne seraient pas reniés par la bande des frères Young ("You Got Me Runnin'"). Si le son qui fera la réputation du groupe par la suite est déjà reconnaissable sur un titre tel que le rock stonien de "Take Me Home", c'est plutôt vers une pop sympathique mais pas vraiment accrocheuse que The Angels penche le plus souvent, et même Doc Neeson n'est encore que rarement le frontman charismatique qu'il deviendra plus tard, à l'exception du mid-tempo psychédélique "Goin' Down" sur lequel il laisse apparaître un peu son côté déjanté.
Tout n'est pas sans intérêt pour autant sur ce premier opus. C'est quand-même en son sein qu'apparut pour la première fois l'immense tube "Am I Ever Gonna See Your Face Again" avec son refrain obsédant qui fait toujours son petit effet en live. Nous noterons également le boogie survitaminé d'un "Hot Lucy" au riff très proche de celui de "La Grange" de ZZ Top, mais qui emporte tout sur son passage sans problème, tout comme celui plus AC/DCien d'un "No Lies", frais et sympathique. Et tant que nous sommes dans les riffs basiques et efficaces qui feront la réputation des frères Young, nous insisterons sur un "Round We Go" que Malcom appréciait particulièrement, ce qui n'a rien de surprenant étant donné qu'il n'est pas sans rappeler "It's A Long Way To The Top", tout en étant renforcé par une intervention à l'harmonica et un final instrumental tout en progression. Bref, une belle réussite. Enfin, nous n'oublierons pas le punkisant et énergique "Waiting For You" dans un style que Neeson et les frères Brewster utiliseront à nouveau dans le futur.
Ce premier album est donc plus intéressant qu'indispensable malgré quelques pépites noyées au milieu de 16 titres, ce qui donne plus l'impression d'un joyeux foutoir que d'un album en place. Il permet cependant de découvrir un groupe qui possède déjà de belles qualités qu'il saura parfaitement utiliser par la suite. A réserver aux aficionados même si les autres auraient tort de ne pas poser une oreille sur les quelques titres marquants que cet opus recèle.