Si Nestor est un indécrottable fan de groupes de Hard Rock français ayant sévi dans les années 80, et qu’il pare parfois des albums improbables des plus beaux atours, il sait néanmoins reconnaître (difficilement, soit) que, même à cette époque, certains disques auraient tout gagné à ne jamais paraître. C’est par exemple le cas de l’album "Vautours" de Der Kaiser.
En effet, derrière la magnifique pochette de ce disque se tapissent huit chansons qu’il est de nos jours très difficile de supporter. Et pourtant lors de sa sortie, le magazine Metal Attack voyait dans cette galette un premier album superbe, presque inqualifiable […] original et raffiné. Et il n’était pas le seul ! De manière générale, le groupe était présenté comme l’exemple à suivre en matière de métal intelligent et futuriste. Mais alors qu’aujourd’hui il est encore possible de vouer une réelle admiration au côté tranchant d’un H-Bomb, à la technicité et la folie d’un Satan Jokers, à la classe d’un Sortilege, à la fraîcheur d’un Vulcain, ou à la personnalité d’un High Power, difficile de porter aux nues la production de Der Kaiser. Non que la musique soit mauvaise, le groupe se montrant même plutôt habile pour créer des climats et des ambiances assez prenantes, mais il n’y a guère que durant le/les instrumentaux que le groupe parvient à trouver un peu grâce à nos oreilles et à se montrer à son avantage.
Pour le reste, la qualité déplorable de la production et le chant à la limite du supportable minent complètement les qualités du groupe. Même avec les meilleures intentions et marqué par un souvenir plutôt positif, il est très difficile d'écouter ce "Vautours" dans son intégralité sans grincer des dents et sans s’interroger sur les raisons du succès d’estime dont bénéficiait le groupe de son vivant. Alors, Der Kaiser a-t-il joui d’un effet de mode ou d’un chauvinisme excessif de la presse métal de l’époque ? Je ne vois pas d’autres raisons propres à expliquer un tel écart entre l’engouement critique dont a profité le groupe sur la période 1984 / 1985 et le ressenti que l’on peut avoir lors de l’écoute de ce disque de nos jours.
Ce constat nous amène nécessairement à nous poser la question suivante : nos goûts musicaux peuvent-ils changer à ce point en 25 ans ? De plus, le fait que Der Kaiser ne parvienne pas à se montrer plus convaincant avec son second opus, "La Griffe De L’Empire", laisse tout de même penser que le groupe ne disposait pas de tous les atouts nécessaires pour briller sur les devants de la scène métal.