Parus à quelques mois d’intervalle, "Spectral Mornings" et "Defector" sont, sur la forme, des albums quasiment jumeaux dans la carrière de Steve Hackett. Même style de couverture signée de Kim Poor, épouse de Steve, même line-up et quasiment les mêmes recettes de composition.
A l’écoute, ce court album - la version originale dépasse à peine les 36 minutes - se révèle pourtant moins ambitieux que son aîné. Nous retrouvons tous les ingrédients qui parsèment les productions de Steve à cette époque : la guitare électrique ('The Steppes') ou classique ('Two Vamps As Guests'), les compositions sombres ('Slogans'), le registre décalé (l’hommage années 40 de 'Sentimental Institution'), etc.
Cependant l’auditeur peine à revivre les mêmes frissons qu’il avait éprouvés à l’écoute des opus précédents. Les compositions ont moins d’ampleur - et pour preuve, sont plus courtes qu’auparavant, une seule dépasse les cinq minutes - et manquent de la cohésion qui emporte l’auditeur : ainsi 'Slogans' apparaît plus comme un exercice de juxtaposition qu’une évolution, et ce qui paraissait faire la force de morceaux contrastés comme 'Please Don’t Touch' semble être gommé.
Au final, "Defector", reclus dans une certaine facilité, apparaît moins attachant que son prédécesseur. Comme quoi les mêmes recettes, quand elles sont moins bien mitonnées, ne donnent pas forcément la même saveur...
NB: La version remasterisée de 2005 comprend cinq titres en bonus, dont le surprenant 'Hercules Enchained', un gros rock bien juteux dans lequel on a bien du mal à reconnaître la patte de Steve. Les versions live de 'Slogans', 'Sentimental Institution', 'The Steppes' et 'The Clocks' (ce dernier issu de "Spectral Mornings"), très correctement captées, sont trop proches des versions studio pour apporter quoique ce soit de nouveau.