De 1978 (Please Don’t Touch) à 1984 (Till We Have Faces), Steve Hackett a fait paraître un album par an; après un Cured très décevant car beaucoup trop formaté, les fans sont dans l’expectative : Highly Strung, le millésime 1982, va-t-il les rassurer ?
Première prise de contact, et un son dynamique et beaucoup plus précis que sur Cured : la production a fait un bond en avant, et, un bonheur n’arrivant jamais seul, la qualité de composition semble au rendez-vous : Camino Royale est un morceau attachant, varié, conduit par des instruments incisifs ; la performance de Ian Mosley à la batterie est pour beaucoup dans la réussite de cet Highly Strung.
En délaissant le coté pop formaté qui encombrait Cured, Steve repart en exploration musicale, en introduisant plus de peps dans son propos (hormis l’édulcoré India Rubber Man, fort mièvre). Il nous emmène jusque dans les contrées de l’Arena Rock, avec des morceaux pêchus construits pour donner tout leur mordant sur scène (Walking Through Walls, Give It Away). Il nous surprend avec l’utilisation de sons électro (Cell 151), et s’amuse à dynamiter sa réputation de guitariste sérieux en se déchaînant sur Guitar Boogie.
Ce travail sur les sons explique en grande partie le plaisir que l’auditeur prend à parcourir l’album. Steve montre même des progrès dans le punch vocal (Walking Through Walls), un domaine qui était un de ses points faibles. Et il s’autorise un clin d’œil à lui-même (Hackett To Pieces, effectivement hackettien en diable), mais aussi à Camel (Always Somewhere Else et son rythme 7/8). Il y a également un duo claviers-guitare assez intéressant sur Group Therapy.
Pour autant, les compositions manquent d’un poil d’ambition pour scotcher l’auditeur. Il est possible que le rythme effréné de parution ait pénalisé ce côté mystérieux et/ou contrasté qui faisait la force de titres comme Hands Of The Priestess ou Please Don’t Touch. L’absence du frère John et de sa flûte enlève aussi de la magie des productions du début : dommage !
NB : la version remasterisée de 2007 comprend le titre Time Lapse At Milton Keynes : il manquait bien sûr à cet album le morceau de guitare classique !