Christian Décamps l'avait annoncé : le jour où l'on découvrirait le patronyme du groupe à l'envers comme titre d'album, cela annoncerait la mort de l'Ange belfortain. En 1984, peu de temps après Fou paraît donc Egna, réalisant ainsi la prophétie du Maître … pour une éclipse qui sera toutefois de courte durée, puisque la production suivante, Tout Feu Tout Flamme, même présentant un line-up plutôt bizarre, surviendra à peine trois années plus tard.
Mais revenons plutôt à cet album considéré à priori comme clôturant une époque, celle de la première partie des années 80, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne fut pas la plus glorieuse du groupe. Et cet Egna vient malheureusement conclure en apothéose (!) cette période tourmentée pour le groupe.
Que retenir des 8 titres qui peuplent ce disque ultra-court ? Rien, ou pas grand-chose, la ligne directrice en étant plus que floue. Pas vraiment rock, plus du tout progressif, un peu variété, avec même une incursion jazzy (Le Cul qui Jazze, sorte de clin d'œil raté à Michel Jonasz : le moins que l'on puisse dire est que l'inspiration musicale a fui les frères Décamps, la partie centrale de l'album étant tout bonnement catastrophique. Les mélodies sont généralement plates, et quand un titre comme Revoir les Sorcières de Salem tente de démontrer le contraire, c'est pour sombrer corps et âme dans une répétition fatale, peu encouragée par ailleurs par des arrangements kitchissimes.
Restera malgré tout un superbe Tout Comme dans un Livre, énième ode à l'amour de Christian, bien en peine visiblement sur ce plan-là à l'époque, dont la poésie contenue tant dans les paroles que dans la mélodie toucheront à cœur bon nombre d'entre nous.
Disque à réserver aux (seuls ?) collectionneurs, ceux pour qui l'amour d'un groupe passe aussi par la propriété de la totalité de l'œuvre, Egna prendra rapidement, même chez ces derniers, la poussière dans les étagères.