Si "Slang" avait été salué par la critique pour sa qualité et sa prise de risque artistique, sa démarche aventureuse a malheureusement été reçue de façon mitigée par le grand public qui ne lui a pas réservé l'accueil qu'il méritait. Voici donc "Euphoria" qui déboule sur nos platines seulement 3 ans plus tard, ce qui représente un délais particulièrement court pour Def Leppard.
Et si "Demolition Man" démarre l'album sur des bases rapides avec son côté presque punkisant, nous ne pourrons pas dire que cet album déclenche l'euphorie annoncée par son titre. Visiblement, le quintet de Sheffield a été déstabilisé par l'échec commercial de "Slang" et a été tenté de revenir à des valeurs sûres sur ce nouvel opus pour retrouver son public. Malheureusement, si l'ensemble est toujours aussi bien produit, que les mélodies et les riffs sont accrocheurs, et que les morceaux sont interprétés avec talent, l'ensemble manque cruellement d'imagination. A vouloir se rassurer, Def Leppard donne l'impression de ne pas réellement savoir où aller et nous ressert les mêmes recettes, au point que la majorité des titres semblent avoir déjà été entendus auparavant sur l'un des précédents albums du groupe. "Back In Your Face" nous refait le coup de "Let's Get Rocked", "All Night" et "21st Century Man" se la jouent "Slang", "It's Only Love" fait penser à "Two Steps Behind" et "Goodbye" à "When Love & Hate Collide".
Et encore, nous limitons-nous à la liste des ressemblances flagrantes, car même lorsqu'un ancien titre ne vient pas immédiatement à l'esprit, la plupart des morceaux semblent avoir été tirés de la discographie du groupe. C'est le cas du single "Promises" ou de la ballade "To Be Alive" qui touchent au but mais laissent tout de-même un goût de déjà-entendu. Rares sont les titres à faire preuve d'un peu de personnalité. Nous citerons cependant le sombre "Paper Sun", l'instrumental "Desintegrate", exercice que Def Leppard n'avait plus pratiqué depuis le légendaire "Switch 625" sur l'album "High'n Dry", ou le plus puissant "Kings Of Oblivion".
Malgré cela, "Euphoria" reste un album très agréable et sans faute de goût. Les fans du groupe trouveront quand-même du plaisir à l'écouter, et ceux qui découvriront Def Leppard par son biais seront probablement convaincus par la qualité des compositions et par leur interprétation sans faille. Il ne reste pas moins qu'une certaine inquiétude s'insinue quant à l'avenir du combo britannique. "Euphoria" est-il juste une étape nécessaire pour permettre au quintet de se rassurer, ou bien traduit-il une perte de confiance ou d'inspiration, voire des deux ? Croisons les doigts pour que la première solution soit la bonne car il serait vraiment triste de voir un groupe d'une telle qualité s'autodétruire pour des raisons qui semblent essentiellement mercantiles. Souhaitons que les léopards ne restent pas sourds à nos inquiétudes.