Pour l’auditeur lambda, le métal extrême canadien se résume à Strapping Young Lad et son génial leader Devin Townsend. Ce n’est donc pas étonnant de constater qu’un combo en provenance du Canada soit fortement emprunt d’influence de ce dernier combo.
En effet, les premières notes de l’introductif "Abiogenesis" lorgnent clairement du côté d’un SYL light version "New Black". Mais le plus frappant, c’est définitivement la performance vocale de Sean Jenkins véritable clone vocal de Devin Townsend. Le mimétisme est tel que passé l’écoute de "Beg To Consume" et à l’entame de "Lay In The Bed You've Made", l’auditeur se demandera -à juste titre- si ce n’est pas le Canadien schizophrène qui a changé d’identité pour pousser la chansonnette sur cet opus et ainsi mieux déstabiliser ses fans (les refrains de "Emergent" pourraient être tout droit sortis de "Ziltoïd")… Toutefois, les plus avertis noteront la différence avec leur idole lorsque Sean Jenkins se frotte au chant guttural plus caverneux que celui de Devin Townsend, ou quand il vient à le moduler pour nous gratifier d’un refrain clair typé Howard Jones (Killswitch Engage) sur "Formless Decision".
Si "Singularity" se distingue au titre de la prestation bluffante de Sean Jenkins, l’aspect musical de ce deuxième opus est au moins aussi riche et varié. Oeuvrant globalement dans un registre death/metalcore hargneux caractérisé par un mur de son massif constitué par des rythmiques implacables entrecoupées de blasts-beats ravageurs ("Transformation"), l’ombre de Devin Townsend plane également sur la musique quand Divinity ralentit le rythme avec quelques touches atmosphériques. A ce titre, nous ne pouvons pas passer sous silence "Approaching The Singularity" véritable synthèse des styles empruntés. S’ouvrant sur un effrayant tsunami sonore, le titre n’aura de cesse que de monter crescendo, entrecoupé de passages atmosphériques, avec comme paroxysme une explosion apocalyptique qui après avoir tout ravagé sur son passage ne laissera plus qu'un piano aérien hypnotique : une démarche emballante dans la pure tradition du Devin Townsend Band. Cependant, et fort heureusement, les Canadiens ne se cantonnent pas à nous produire un ersatz de Devin Townsend. Les influences, les sonorités foisonnent avec en premier plan de ceux-ci Meshuggah, comme en témoignent les passages aériens aux accents jazzy si typiques ("Emergent") ou bien encore melodeath et métal prog technique, caractérisés par des descentes de manche à la vitesse de la lumière ("Embrace The Uncertain").
Au final, si l’ombre de Devin Townsend plane sur Divinity, résumer le combo canadien à un successeur -même doué- est plus que restrictif tant les registres empruntés sur "Singularity" sont multiples. Tant et si bien que ce deuxième album se révèle être un excellent patchwork de death/metalcore teinté de métal progressif atmosphérique planant. A découvrir !