Steve Hackett... le solo mythique de Firth Of Fifth, avec sa guitare électrique majestueuse, c’est lui ! L’utilisation du tapping dans Dancing With The Moonlit Knight, c’est encore lui ! Mais bien avant d’utiliser des techniques sophistiquées pour s’évader dans un éclectisme tout à son honneur, Steve est un grand amateur de guitare classique. Pour preuve, dès Foxtrot, il nous livre un Horizons (repris ici) totalement acoustique, puis il récidive avec Genesis dans l’intro de Blood On The Rooftops dans Wind And Wuthering; et chacun de ses albums solos contient au moins une pièce acoustique, que ce soit à la guitare solo ou accompagné par son frère John à la flûte.
Avec Bay Of Kings, Steve Hackett nous livre pour la première fois - mais pas la dernière - un album entièrement consacré à la guitare acoustique. Les puristes applaudiront, mais l’auditeur moyen ne sera-t-il pas rebuté par cette plongée dans le côté le moins fantaisiste du guitariste ?
Ce n’est en effet pas le côté le plus guilleret de Steve qui est ici mis en avant, mais une technique impeccable, sensible, et hors de toute épate. Certaines pièces, comme The Barren Land, Bay Of Kings ou Petropolis sont très académiques et délivrées avec une application méticuleuse. D’une façon générale, les morceaux interprétés à la guitare classique seule apparaissent extrêmement maîtrisées, presque trop pour déclencher l’émotion... Ces études se rapprochent énormément des travaux d’Anthony Phillips, bien qu'il y ait plus de sensibilité dans les variations d’Ant, alors que le toucher de Steve ressort plus précis. Convenons cependant que Black Light, avec ses évolutions que Bach n’aurait pas reniées, est une démonstration de maîtrise que bien des guitaristes de concert classique pourraient envier.
Quelques titres s’appuient sur de discrets claviers, comme Calmaria, un peu sucré, The Journey, et surtout l’excellent Kim, une version retouchée reprise de Please Don’t Touch, qui montre une fois de plus que John Hackett possède un son de flûte d’une exceptionnelle chaleur, un complément ici idéal.
L’atmosphère de cet album est globalement très concentrée. Difficile de s’enthousiasmer sur ces titres qui relèvent plus de l’étude musicale que du choc esthétique. Pris isolément, chacun d’entre eux est pourtant une belle pièce de musique, très bien composée et exécutée, mais sur la durée d’un album, l’auditeur est guetté par la lassitude, et peut avoir l’impression (fausse) d’entendre souvent la même chose. Une pièce de collection à réserver aux amateurs inconditionnels de l’acoustique... ou de Steve !