Après deux ans d'épreuves en tout genre, Third Eye sort enfin son premier album. C'est un vrai succès pour ce groupe, formé en 2003 et qui aura eu droit à toutes les galères : départ du chanteur Casper Grieff, un enregistrement chaotique qui a duré presque un an, puis à nouveau un départ, celui du claviériste Rasmus Kostending... Finalement, Michael Bodin et ses anciens élèves auront eu la chance de faire aboutir le projet, grâce au concours de deux fortes personnalités. Tout d'abord, celle du chanteur Per Johansson, connu entre autres pour sa participation aux albums Scratch 'N' Sniff et V du groupe Fate, emmené à l'époque du premier nommé par Mattias "IA" Eklundh ; et celle d'un autre musicien bien connu, Finn Zierler de Beyond Twilight, qui est venu apporter son aide en réalisant les parties de clavier de certaines pistes (les parties restantes sont l'œuvre de Tommy Hansen, également responsable du mix et du mastering final).
Et le résultat est étonnamment cohérent ! Malgré un tel cursus, l'album est une vraie petite bombe de son "à la danoise", entre power métal et métal progressif. Le tout à un parfum global de Beyond Twilight évidemment, mais on pense aussi à Ark ("Darkness Into Dawn") ou encore à Conception, sans que le groupe ne se départisse un instant d'une identité déjà bien affirmée, en grande partie par le timbre singulier de Johansson, nasillard au premier abord mais qui se révèle bien vite d'une ampleur appréciable, rappelant par moments Jorn Lande voire Russel Allen ("Snake In The Grass"). Les compositions torturées pourraient, elles aussi, devenir une marque de fabrique : mélodiques et concises, jamais excessives, elles savent rester accrocheuses en dépit de l'atmosphère carrément sombre de l'ensemble, et même ouvertement groovy ici et là ("Darkness Into Dawn" ou encore le break incroyable de "The Sacred And The Profane"). Les amateurs de parties instrumentales musclées devraient aussi être aux anges avec un certain nombre de parties à la fois bien écrites et redoutablement bien exécutées.
Tommy Hansen a, comme à son habitude, livré un travail d'orfèvre, très typé mais très efficace, avec d'excellentes idées – notamment sur le chant ("Psychological Breakthrough") ou encore sur le son des guitares, épais et puissant sans perdre son caractère incisif. Un bijou de production, qui permet d'ores et déjà à Third Eye de tirer son épingle du jeu parmi la multitude de formations œuvrant dans un registre plus ou moins similaire. On ne peut dès lors que leur souhaiter une excellente continuation après un tel premier opus, qui leur fera, on l'espère, oublier les déboires de ces difficiles premières années. Une très belle surprise qui a de quoi réjouir un large panel d'amateurs... Chaudement recommandé !