Très étrange métissage des genres que nous proposent ici les Danois de Phonomik (ex-PHON) pour cette première sortie ; étrange au point de désarçonner l'auditeur, qui cherche pendant 40 minutes à quel type de rock/métal il peut bien avoir affaire. Nu-métal ? Oui, mais pas seulement. Power métal ? Un peu, mais pas seulement. S'ajoutent en effet des éléments old-school qui tendent carrément vers un bon vieux FM/AOR des familles, et des riffs marqués, plutôt typés heavy, qui achèvent de nous perdre en chemin. Il faut donc par défaut assimiler Phonomik à une sorte de "nu-métal progressif" aux rythmiques pesantes mais aux mélodies toujours mises en avant. Imaginez l'enfant illégitime de Disturbed, Rage et Anubis Gate...
Le chant clair et, reconnaissons-le, plutôt excellent de Shane Dihman, et la solidité instrumentale de ses trois compères ne parviennent cependant pas à accrocher l'oreille, la faute à des compositions qui, pour être audacieuses dans l'esprit, se révèlent paradoxalement et tristement convenues dans les faits. Toutes de durées similaires, elles ne sont clairement pas assez contrastées entre elles et l'inévitable sentiment de redondance survenant au fil des pistes n'aide pas le moins du monde l'album à décoller.
Difficile à décrire, mais aussi, hélas, difficile à apprécier, la musique de Phonomik ne manque pas d'attraits mais souffre d'un excès de zèle qui nuit de façon notable au plaisir d'écoute. La production, signée Jacob Hansen (également producteur de Communic ou encore de Volbeat), est du même tonneau : soignée et puissante, elle est aussi trop massive pour son propre bien, voire même un peu étouffante, avec un grain un peu dérangeant sur certaines pistes ("Die Alone"). Les arrangements par exemple sont généralement assez bien pensés, mais pêchent par une tendance à la superposition un peu brutale.
Confusion, surprise, enthousiasme, ennui, autant d'émotions déclenchées à l'écoute de Soul Creeper, un disque pas spécialement repoussant (à moins d'être absolument et irrémédiablement allergique à ce genre de métal "moderne"), mais pas spécialement agréable non plus... Phonomik mérite votre curiosité, voire votre intérêt, mais il leur faudra faire mieux, beaucoup mieux pour convaincre à leur prochain essai...