1985. "Show No Mercy" s'est vendu à plus de 40 000 exemplaires, devenant le plus gros succès du tout jeune label Metal Blade. Le boss, Brian Slagel, sentant le bon coup décide d'y aller de sa poche et finance l'enregistrement d'un deuxième album du quatuor de Huntington Park. Slayer fait donc ses premiers pas dans le monde de la musique professionnelle. Produit par le groupe, enregistré par Ron Fair et Bill Metoyer à l'Eldorado Studios d'Hollywood, "Hell Awaits" est une transition violente par rapport au premier album des Californiens.
Le choc se produit dès le premier titre avec ses 6 minutes dont la moitié pour la seule introduction absolument énorme, sa production qui n'a plus rien à voir avec le son de garage de "Show No Mercy" et son rythme pour le moins soutenu. Chaque piste surpasse la précédente en termes d'agressivité et de puissance, Araya abandonnant son falsetto pour adopter ce style criard qui fera sa réputation. Lombardo bombarde avec une précision qui entrera elle aussi dans la légende et que dire de Kerry King et Jeff Hanneman ? Déjà seuls maîtres à bord, ils composent sans limites des morceaux complexes, aux changements de rythme incessants (du métal extrême progressif avant l'heure ?) et aux solis ahurissants, chaotiques et dévergondés.
Plutôt froidement accueilli à l'époque, "Hell Awaits" est aujourd'hui salué comme un indispensable du genre, au même titre que ses successeurs, et des titres comme 'Hell Awaits' ou encore 'Necrophiliac' sont depuis lors des classiques du répertoire de Slayer, encore très régulièrement joués sur scène. Cette longévité n'est pas seulement à mettre au crédit des prestations scéniques du groupe, mais aussi et surtout à celui d'une qualité d'écriture incroyable pour ceux qui n'étaient alors qu'une bande de punks, adolescents tardifs devenus ici adultes... La maturité n'est pas encore atteinte, mais on s'en approche à grands pas.