Pretty Maids est l'exemple type du groupe qui enchaîne les albums de qualité depuis de nombreuses années (26 ans !) mais qui n'a toujours pas la place qu'il mériterait au panthéon de la musique métallique qu'il pratique néanmoins avec tant de talent. Pourtant, il l'a tutoyé ce panthéon. C'était en 1987 avec son album "Future World". Malheureusement, son successeur ne fût pas à la hauteur de ce monument, et le combo danois ne réussit jamais à accrocher les sommets malgré d'excellents albums, et surtout, sans aucune mauvaise livraison sonore. Cette poisse n'a cependant pas fait fuir Frontiers qui a décidé de signer Pretty Maids en 2006. Et nous voici donc en présence de la deuxième production des Nordiques sur le label italien avec ce "Pandemonium" qui pourrait bien permettre au quintet d'accéder à la reconnaissance qu'il mérite.
En effet, tous les éléments qui avaient fait le succès de "Future World" sont à nouveau réunis. Le style tout d'abord, qui ratisse large. Cette marque de fabrique de l'œuvre des Danois qui consiste à proposer des titres allant du Hard FM musclé à un Métal agressif sur la même galette, a parfois été reprochée au groupe accusé de ne pas avoir de ligne directrice bien définie. Pourtant, c'est ce qui fait l'originalité et l'identité de ce combo, capable de vous balancer un hit FM au refrain accrocheur (le single "Little Drops Of Heaven"), aussi bien qu'un brûlot à la frontière du Speed et au riff tranchant comme l'acier ("Cielo Drive"), tout ça sur le même album et sans que l'homogénéité de l'ensemble n'en pâtisse. Il faut dire qu'avec Ronnie Atkins, Pretty Maids possède une arme fatale. Le chanteur est probablement l'un des rares à être capable de chanter aussi bien dans les registres mélodiques qu'agressifs sans que la qualité de son interprétation ne faiblisse, et tout ça, parfois même au sein du même morceau. L'introductif "Pandemonium" en est le meilleur exemple avec son alternance de couplets tranchants et de refrains accrocheurs.
Cependant, si la performance d'Atkins est encore une fois impressionnante, il ne faudrait pas oublier la présence de Ken Hammer, véritable machine à riffs. Le guitariste n'est probablement pas le plus spectaculaire du circuit, ayant toujours préféré privilégier l'efficacité à la démonstration technique. Il est pourtant le maître des fondations de la musique de Pretty Maids et donne corps à chaque titre. D'autre part, si la section rythmique livre à nouveau une prestation sans faille, nous n'oublierons pas de signaler la performance du nouveau venu aux claviers: Morten Sandager. Alors qu'il prend la relève de l'inoxydable Alan Owen, il redonne toute son importance à cet instrument au cœur de la musique de Pretty Maids, et c'est probablement grâce à lui si le son qui avait fait la renommée de "Future World" est de retour. Non seulement il crée des nappes qui enveloppent chaque morceau et les habillent de l'ambiance souhaitée, mais il est également capable de croiser le fer avec la guitare de Hammer, comme sur l'excellent duel présent sur le titre éponyme.
Ce "Pandemonium" pourrait donc bien être la consécration que Pretty Maids attend depuis si longtemps. En alliant les éléments qui avaient fait son succès il y a plus de 20 ans, avec une touche de modernité dans la production, le quintet danois nous offre une œuvre à la fois variée et cohérente, dotée d'une interprétation de grande classe. Cet album est à conseiller à tous les amateurs de Hard-Rock au sens large du terme, alors qu'il risque déplaire aux intégristes de tout poil qui préfèrent s'enfermer dans un style particulier. En même temps, l'avis de ces derniers est-il vraiment intéressant ?