C'est peu de dire que le Hard-Rock vit une véritable période 'Revival'. Après Foreigner, Danger Danger, et autres Treat, voici maintenant que Ratt revient sur le devant de la scène avec le soutien de Roadrunner. Certains pourront argumenter qu'au même titre que leurs compatriotes de Mötley Crüe, les Américains n'ont jamais réellement arrêté, mais contrairement au combo de Nikki Sixx, Ratt n'a pas pu surfer sur une notoriété équivalente et ses errances artistiques l'ont relégué en deuxième division depuis une vingtaine d'année, "Detonator" (1990) ayant été leur dernier album à avoir retenu l'attention du public et des critiques, suivit par le single "Nobody Rides For Free" tiré de la B.O du film "Point Break" (1991).
Alors qu'est-ce qui a pu pousser un label aussi important à miser sur le retour d'un tel groupe ? Et bien, en dehors du côté porteur de la démarche, il faut bien reconnaître que Ratt réunit les avantages d'une identité artistique forte avec son Hard US porté par la voix vicieuse d'un Stephen Pearcy, propulsé par la batterie hyper-tonique de Bobby Blotzer, et surtout illuminé par le jeu de Warren DeMartini, un des guitar-heroes les plus injustement sous-côté du circuit. Plaçant toujours l'intérêt du morceau avant la démonstration technique, il préfère concentrer son talent sur des interventions plus brèves que certains de ses confrères. Il n'empêche que la fluidité de son jeu transparaît à chacun de ses soli et représente un plus indéniable pour chaque composition du quintet. En effet, après être passé par une formation à quatre suite au départ (R.I.P) de Robbin Crosby (John Corabi n'ayant fait qu'un passage scénique au sein du combo sans jamais apparaître sur le moindre album), la paire Pearcy / DeMartini a jugé utile de faire appel à un guitariste pour seconder notre petit génie. Le nouvel arrivant est loin d'être un inconnu puisqu'il s'agit de Carlos Cavazo (Quiet Riot). Ce dernier se fond parfaitement dans le groupe et permet à Warren de reformer une doublette de six-cordistes aussi complices que complémentaires, ce qui se traduit par le retour des harmonies qui faisaient la réputation du groupe à sa grande époque, et à quelques sympathiques passes d'armes.
Avec ce "Infestation", Ratt replonge dans le style qui fit son succès pendant les années 80 et nous offre le digne successeur de la légendaire triplette "Out Of The Cellar" / "Invasion Of Your Provacy" / "Dancing Undercover". Les premiers accords de "Eat Me Up Alive" semblent d'ailleurs tirés de "You're In Love". Alors bien sûr, certains crieront à l'auto-parodie et ils n'auront pas entièrement tort car la plupart des titres pourraient parfaitement sortir des sessions des albums pré-cités. Pourtant, les amateurs se régaleront en se replongeant dans une musique qui nous fit tant headbanger et taper du pied, voir des mains sur le volant. Le début de cet opus est d'ailleurs redoutable avec "Eat Me Up Alive" et le single "Best Of Me" aux refrains parfaitement calibrés, aux riffs irrésistibles et au soli cinglants. Le reste n'est pas original pour un sou pour qui a suivi le début de carrière du combo, mais c'est tellement plus agréable que les errances bluesy molles du genou que Pearcy et DeMartini nous ont pondues durant la fin des années 90.
Vous l'aurez compris, ce "Infestation" ne révolutionnera pas le style, mais il ravira tous les amateurs d'un groupe qui a marqué de son empreinte le paysage du Hard US des années 80. Et comme, lorsqu'on y réfléchit, personne n'a été capable de prendre sa relève, il est fort plaisant de retrouver se Hard Rock bien léché et hyper dynamique. Enfin, pour ceux qui ne connaissent pas encore les Californiens, ce nouvel opus sera une parfaite introduction à leur discographie, étant à la fois représentatif de ce qui fit leur succès, sans pour autant paraître trop daté. Ratts are back, ready to bite !