Trois longues années après le controversé "DaDa", Alice Cooper nous revient en pleine forme. Enfin, disons qu’il n’oscille plus entre la vie et la mort et qu’il semble se tenir à une sobriété salutaire pour lui. Après 4 échecs commerciaux, dont celui retentissant de son dernier album en date, il est plus que temps pour Monsieur Furnier de réagir. Persuadé que l’orientation artistique prise de 1979 à 1983, est incapable de lui permettre de renouer avec le succès commercial, il décide de recapitaliser sur son image traditionnelle et sur toute l’imagerie tirée des films d’horreur qui s’y rattache. Tout cela au service d’une musique qui rompt avec le Rock ‘N Roll classique pour s’aventurer (se perdre ?) dans un Hair Métal de bas niveau.
L’horrible pochette donne le ton, et ce ne sont pas les parties de claviers et de batterie électronique cheap au possible, les chœurs mollassons et les guitares convenues, qui vont changer la donne. Rien ne nous est épargné tout au long de ces dix titres banals au possible. Même les vocaux du sieur Cooper, bien souvent irréprochable, semblent plats et sans saveur. Tout au plus pouvons-nous sauver deux titres de se naufrage artistique. Tout d’abord, "Crawlin’" qui se révèle être un morceau assez Rock et doté d’un riff de qualité. Il est même fort probable que, débarrassé des arrangements ampoulés qui l’alourdissent, ce titre avait le potentiel pour devenir un classique du groupe.
L’autre chanson, susceptible de retenir l’attention est le single "He’s Back", sans être certain que le matraquage médiatique dont a bénéficié ce titre ne soit pas à étranger à cet intérêt. En effet, si l’on s’en tient au strict niveau musical, nous avons là un refrain simpliste encadré par des synthétiseurs anémiques, le tout au service d’une mélodie qui tient tant bien que mal la route : pas de quoi casser quatre pattes à un canard. Pour autant, cela fonctionne, et on peut se surprendre à dodeliner du bonnet sur "the man behind the mask, Yeah he’s back…".
Pour le reste, le constat est assez affligeant. A l’image de Kane Roberts, son guitariste bodybuildé, les titres proposés ici sont bouffis. La faute à des arrangements qui font la part belle à des chœurs trop systématiques, à des riffs de guitares se chevauchant et manquant singulièrement de mordant, et surtout à des claviers très ancrés dans leur époque et qui ne font qu’alourdir et diluer les mélodies. Le résultat est assez indigeste et opère comme une épaisse couche de maquillage qui œuvre à la fois en cachant une certaine indigence musicale, et en dénaturant la nature profonde de morceaux qui deviennent dès lors uniformes. Au côté de titres simplement très moyens, se trouvent même des morceaux qui comme "Teenage Frankenstein'", "Thrill My Gorilla" ou bien "Trick Back" ne présentent aucun intérêt et se révèlent même très difficiles à supporter.
Reste qu’Alice a ressorti son cirque (Chaise électrique, guillotine, gerbes de sang…) et que ses concerts rencontrent à nouveau un réel succès, ce, alors qu’il n’avait pas tourné depuis environ 4 années. Un peu comme si le public ne pouvait l’imaginer dans un autre registre que celui de Monsieur Loyal du cirque des horreurs. Il faut dire également que ses fils illégitimes et spirituels (Twisted Sister, Mötley Crüe …) sont à cette époque sur le devant de la scène Métal et proposent à leur public des shows où la forme est aussi importante que la musique.
Un disque plus que dispensable et surtout hautement amoral. Pas au sens où le PMRC (l’association « Parental Music Resource Center » fondée autour de femmes de Sénateurs avait mené une campagne contre l’immoralité dans la musique avec, notamment Alice Cooper comme une de ses cibles principales) l’entendait alors. Mais bien parce que le succès rencontré par "Constrictor" récompense l’opportunisme musical, et l’absence de prise de risque. A l’image de son changement de guitariste, la forme à pris le pas sur le fond, amer constat…