Au gré de vos affinités, il est des albums qui changent à tout jamais votre perception musicale ; "Suspended Animation Dreams" en fait résolument partie. A l'instar de tout opus d'Agalloch, classer "Suspended Animation Dreams" tient du challenge insurmontable que je me garderais bien de relever tant l’ensemble présenté est d’une richesse invraisemblable. Si dans ces conditions il devient impossible d’établir une quelconque affiliation par définition restrictive, on peut tout de même établir que "Suspended Animation Dreams" oscille entre progressif, folk et métal extrême mais également jazz, classique, world music…
"Suspended Animation Dreams" est le deuxième volet de la trilogie "X" qui a débuté en 2004 avec l’EP "Temporary Psychotic State" déjà remarqué pour avoir repoussé les limites de l’exploration et l’expérimentation musicales. Pour être totalement exhaustif, d’un point de vue conceptuel, "Suspended Animation Dreams" dépeint les conflits intérieurs oscillant entre colère, angoisse et obsession. Une vision sinistre de notre société où il devient impossible d’exprimer de vrais sentiments.
Tel un vinyle crépitant lascivement sur sa platine, "S.A.D" débute par une guitare acoustique sur laquelle se posent délicatement quelques notes de trompette relayées par un piano et une flûte enchanteurs. A la faveur de cette entame éponyme tout en finesse qui se déclinera par la suite en une sorte de post-rock progressif saupoudré de jazz ou teinté de folk oriental à la manière d’Orphaned Land ("No Place Lime Home"), "Suspended Animation Dreams" doit s’appréhender comme une bande originale de film que votre imagination mettra en scène une fois les yeux fermés. Et comme son titre l’indique, le temps se suspend pour laisser place à une introspection animée, sorte de périple dans un intérieur imaginaire sombre et faussement calme où la surprise vous attend à chaque recoin, pire, où le danger vous guette et peut vous surprendre à tout moment par l’entremise des growls de Paul Kuhr plus connu pour ses travaux chez November’s Doom.
Vu la consistance du pavé, le seul réel reproche que l’on pourrait éventuellement faire à ce "Suspended Animation Dreams" est sa relative longueur et donc le risque le perdre un certain nombre d’auditeurs dans les dédales de cette périlleuse introspection. Malgré un défaut de promotion flagrant, il n’en demeure pas moins que toute discographie métal (au sens large du terme) qui se respecte se devrait d'inclure "Suspended Animation Dreams". Et pour ceux qui sont tombés sous le charme de ce chef d’œuvre, sachez que le génial géniteur du projet - Tomer Pink - planche depuis début 2007 sur la clôture de la trilogie "X" ("In Pastille Colors") qui se fait toujours désespérément attendre à ce jour !